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1. 3. Haine alors commune pour le théâtre représenté portant en creux une apologie<br />

du poème.<br />

1. 3. 1. Un refus du théâtre représenté.<br />

En outre, cette façon qu’a Jarry de ne point assister à la représentation des pièces, si elle<br />

témoigne d’une impossibilité ou d’un refus de quitter son lieu de vie pour Paris, comme le<br />

montre sa correspondance à plusieurs reprises, s’affirme également ostensiblement, au travers<br />

d’un refus des représentations, comme un refus du théâtre. Du moins d’une certaine forme de<br />

théâtre, le théâtre que défend Sarcey qui témoigne d’une « attention soutenue à la technique<br />

dramatique et en particulier à l’art de susciter l’intérêt du spectateur et de le maintenir par des<br />

« préparations » 1 », et notamment le théâtre bourgeois, que Jarry a stigmatisé à de nombreuses<br />

reprises – et il est vrai que nombre de pièces qu’il est amené à chroniquer relèvent de cette forme<br />

particulière (mais alors prépondérante) de théâtre.<br />

Dans son compte rendu de la représentation à la Comédie-Française de L’Autre Danger de<br />

Maurice Donnay inséré dans La Revue blanche le 1 er janvier 1903, l’auteur de Messaline écrit : « [l]a<br />

scène où la mère force la serrure de l’album de sa fille […] est indécente, sans plus. » Il fait alors<br />

allusion à la scène III de l’acte IV, au cours de laquelle « Madame Chenevas rentre avec le journal<br />

de Madeleine 2 » : « Madame Chenevas. Puisqu’elle ne veut pas parler. Tu es sa mère… Tu as tous<br />

les droits et tous les moyens te sont permis. Claire. Tu as raison ; mais ce livre ferme à clé… nous<br />

n’avons pas la clé… je tremble de l’ouvrir. Ah ! tant pis ! (Elle prend sur un meuble à côté d’elle<br />

un petit coupe-papier en métal et fait sauter la serrure. – Elle lit.) 3 » Maurice Donnay cherche à<br />

augmenter l’intensité propre à cette scène en faisant en sorte que Madeleine puisse y assister :<br />

« Madeleine a ouvert tout doucement la porte du salon et […] maintenant sa fille est derrière elle,<br />

enveloppée dans une toute blanche matinée et très pâle 4 ». L’on peut penser que Jarry commente<br />

plus précisément – en minimisant ainsi toute sa portée, et sous cette atténuation implacable<br />

(« sans plus ») se lit de façon sous-jacente une critique virulente de la pièce – cette réplique de<br />

Madeleine à sa mère, au cours de la scène IV de l’acte IV, lorsqu’elle s’aperçoit du forfait : « Je<br />

1 Jean-Thomas Nordmann, « La « relation critique », La « relation critique » au XIX° siècle »,<br />

Histoire de la France littéraire, tome 3, Modernités, XIX°-XX° siècle, Presses universitaires de France,<br />

collection Quadrige, 2006, p. 476.<br />

2 Maurice Donnay, L’autre danger, « comédie en quatre actes, en prose, représentée pour la<br />

première fois à la Comédie-Française, le 22 décembre 1902 », Fasquelle, 1903, p. 210.<br />

3 Id., p. 210-211.<br />

4 Id., p. 212.<br />

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