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judicatrice par surcroît, par occasion ou par boutade ; elle l’est essentiellement, résolument,<br />

obligatoirement. 1 » Pourquoi ?<br />

Dans « La Critique impressionniste », le théoricien donne la réponse : « Insisterai-je ici sur<br />

l’obligation de juger ? Rappellerai-je qu’elle est comme impliquée dans l’étymologie même du<br />

nom de la critique ? » « C’est dire : il faut que le critique juge, parce que le mot critique dérive du<br />

grec krinein, qui signifiait juger. 2 »<br />

C’est pour cette raison invoquée par Brunetière que la fin de sa juridiction consiste pour la<br />

critique en sa mort pure et simple : Elme-Marie Caro développe cette idée dans son article. La<br />

critique est malade. Et la « malade paraît bien bas, voire moribonde ». « C’est un fait notoire,<br />

constate-t-il, que la critique de notre temps est réduite à un état de médiocrité et d’impuissance où<br />

on ne l’avait jamais vue ». Les symptômes sont multiples : non seulement affaiblissement,<br />

médiocrité et impuissance, mais stérilité et décadence. Les causes de la maladie ? « La plus<br />

apparente, et qui ressemble à une naïveté, c’est qu’il n’y a plus de critiques ». Caro peut écrire cela<br />

à une époque où il n’y a jamais eu autant de chroniques littéraires, de feuilletons dramatiques. Ce<br />

n’est pas pourtant une naïveté : en effet, n’est pas critique qui veut – ou qui s’appelle ainsi. Pour<br />

Caro, et pour ses contemporains de 1882, un critique littéraire est un juge des œuvres. « Ce qu’il y<br />

a de plus rare à rencontrer aujourd’hui, déplore-t-il, c’est quelqu’un qui juge bien, qui juge<br />

nettement, qui sait et dit pourquoi il juge ainsi » 3 » ; « [u]ne critique judicatrice dont les jugements<br />

soient motivés – voilà [par conséquent] ce qu’en 1882 Caro appelle de ses vœux. 4 »<br />

Comme le résume Alexandre Belis, « [...] l’office propre du critique serait donc de juger, d’une<br />

manière raisonnée, les œuvres appartenant à la littérature. Ceux-là seuls, par conséquent, feraient<br />

œuvre de critique qui auraient à leur disposition un critérium stable et définitif, et qui<br />

prononceraient des jugements fondés sur ce critérium. 5 »<br />

1. 4. 4. Raisons pour lesquelles la critique judicatrice est désavouée.<br />

Au moment où Jarry entre à La Revue blanche, qu’est devenue la critique judicatrice ?<br />

Comme le remarque Jean-Thomas Nordmann, « [e]n tout état de cause la brève durée de vie<br />

des formes organisées, institutionnalisées du naturalisme et du symbolisme autant que leur<br />

coexistence même attestent une sorte de dispersion des centres de gravité de la vie littéraire. La<br />

1 Id., p. 59.<br />

2 Id., p. 60.<br />

3 Id., p. 7.<br />

4 Id., p. 53.<br />

5 Alexandre Belis, La critique française à la fin du XIX° siècle, Ferdinand Brunetière, Emile Faguet, Jules<br />

Lemaître, Anatole France, Librairie Universitaire J. Gamber, 1926, p. X.<br />

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