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« L’exhibition, aux pavillons des Indes néerlandaises à l’Exposition universelle de 1900, de la<br />

reproduction plastique du Pithecanthropus erectus […], rappelle l’attention sur le célèbre mémoire,<br />

présenté par Haeckel au 4 e congrès international de zoologie à Cambridge, le 26 août 1898, et<br />

dont le docteur L. Laloy vient de publier une excellente traduction 1 » ; « Ce livre parut il y a neuf<br />

ans et fut réédité depuis. Nous en parlons aujourd’hui parce que le tirage actuel est augmenté<br />

d’une théorie a posteriori […] qui en éclaire singulièrement et vérifie les définitions précédentes,<br />

énoncées a priori, qui réfute les objections et constitue en somme un livre nouveau. 2 »<br />

Mais le plus important est que l’auteur de La Chandelle verte proclame, à l’inverse de Renan,<br />

qu’une admiration peut s’exprimer dans l’absolu, suivant un présent de vérité générale et un mode<br />

hyperbolique nullement ironique qui combat toute nuance et toute remise en cause ou en<br />

question de cette admiration (renouant ainsi avec une posture adoptée lors de l’écriture de ses<br />

premiers textes critiques au cours desquels il semblait, « enfermé dans sa subjectivité, […] défi[er]<br />

quiconque » d’en « tirer une conclusion », se plaçant de ce fait « en contradiction évidente avec la<br />

mission traditionnelle de la critique 3 »), ainsi qu’il le témoigne avec force, par exemple, dans ses<br />

comptes rendus des ouvrages de Péladan qui sont les plus révélateurs de sa démarche.<br />

4. 7. 3. L’admiration comme modalité du jugement.<br />

Par le biais de ces bibliographies, l’admiration se transmue ainsi entièrement en jugement<br />

inébranlable, sans qu’elle ait besoin pour ce faire d’un intermédiaire (ayant valeur de fonction<br />

légitimatrice) qui soit érudition, recours à l’histoire littéraire, ou même subjectivité d’un point de<br />

vue critique (le jugement inébranlable pourrait ainsi à la limite s’exprimer sous les oripeaux de la<br />

subjectivité, le critique pouvant brandir un « selon moi »).<br />

Ce faisant, Jarry s’oppose fortement à la critique impressionniste qu’il pratique par ailleurs,<br />

considérant qu’une objectivité est doublement possible (une vérité du jugement peut s’exprimer,<br />

celle-ci n’étant pas, en outre, soumise aux aléas du temps), à l’opposé de la critique<br />

impressionniste qui considère que « la subjectivité est le moteur autant que la finalité de [son]<br />

approche » et qu’outre le fait que les critiques développent chacun des impressions de lecture qui<br />

leur sont propres et qui se valent toutes, ne pouvant être comparées, étant chaque fois la<br />

résultante d’une monade intellectuelle (« [l]’interprétation du critique est nécessairement<br />

1 Id., p. 586-587.<br />

2 Id., p. 669.<br />

3 Patrick Besnier, « « S’il me plaît », sur deux critiques théâtrales de Jarry », L’Etoile-Absinthe,<br />

tournées 77-78, « Centenaire d’Ubu Roi », Communications du Colloque International (Hôtel de<br />

Massa, Société des Gens de Lettres / Université Paris III, Sorbonne Nouvelle, les 6 et 7<br />

décembre 1996) réunies par Paul Edwards, Société des amis d’Alfred Jarry, 1998, p. 6.<br />

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