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parisien 1 », Péladan écrit que « [q]uelque critique en peine de matière critiquable pourrait [le]<br />

découvrir, un de ces matins 2 ».<br />

Ce qui frappe également dans les deux comptes rendus de Jarry, c’est, comme nous l’avons<br />

déjà souligné, le sérieux imperturbable 3 avec lequel l’éloge se déploie, et qui les rend très<br />

inhabituels au regard des autres comptes rendus (souvent d’un ton mi-amusé mi-exaspéré) qui<br />

sont faits des œuvres du Sâr, indifféremment dans les petites revues ou la presse.<br />

Le silence, quand il est levé, laisse en effet place à des réserves, le plus souvent, tempérées<br />

parfois par quelques compliments portant sur des détails de l’œuvre.<br />

Péladan s’interrogera à de nombreuses reprises sur ce qu’il juge être une négation de son<br />

œuvre : « Pourquoi suis-je unanimement vilipendé […] pourquoi suis-je nié ? 4 ».<br />

3. 3. 6. 2. 3. Rendre visible la permanence d’un jugement.<br />

En outre, Jarry n’envisage pas les livres de Péladan les uns après les autres, de façon<br />

événementielle. Bien au contraire, il inscrit son travail de critique dans une continuité mémorielle<br />

très forte en ce qui concerne l’auteur de La Décadence latine.<br />

Ainsi, il cite une partie de son premier compte rendu au début du second. Grâce à cette<br />

citation, Jarry fait plus que tisser un lien entre les comptes rendus, inscrivant son travail de<br />

critique dans une cohérence. Il fait plus que regrouper ces deux comptes rendus ensemble,<br />

puisqu’ils parlent du même auteur. La citation ne crée pas le lien, elle le reconnaît.<br />

Il ne semble pas que Jarry cherche à construire son travail critique, de telle façon qu’il s’en<br />

dégage une cohérence. L’auteur des Minutes veut rendre perceptible la permanence de son<br />

jugement en ce qui concerne Péladan, l’unité de sa pensée de critique.<br />

Si unité de pensée il y a, ce qui est vrai pour un livre est vrai pour tous les autres. Il ne s’agit<br />

plus de rendre compte des livres, mais bien, à travers eux, comme nous l’avons déjà évoqué (et le<br />

1<br />

Péladan, La Décadence latine, éthopée [V], Istar, op. cit., p. XIII.<br />

2<br />

Id., p XIV.<br />

3<br />

Ce sérieux, c’est le même dont fait inlassablement preuve Péladan, renvoyant ceux qui le taxent<br />

de ridicule à leur propre ridicule (c’est-à-dire au ridicule de leurs accusations qui ne prouvent<br />

qu’une chose : leur sottise, d’où son goût marqué pour les excommunications), déployant autour<br />

de lui un orgueil démesuré, qu’il a présenté dans son œuvre comme n’en étant pas un : « Ce que<br />

vous prenez pour un orgueil insensé […], c’est l’abstrait qui me possède, me pousse et me<br />

hausse » (Péladan, La Décadence latine, éthopée [IX], La Gynandre, op. cit., p. 317). « L’Abstrait auquel<br />

j’obéis commande » ajoute Péladan dans Cœur en peine (La Décadence latine, éthopée [VII], Cœur en<br />

peine, op. cit., p. 251). Cet orgueil lui fut beaucoup reproché : « cet esprit plein d’orgueil […], peutêtre<br />

a-t-il trop d’estime égoïste », écrit par exemple Charles Merki en décembre 1890 (Le Mercure<br />

de France, n° 1-12, op. cit.).<br />

4<br />

Péladan, La Décadence latine, éthopée [X], Le Panthée, E. Dentu, 1892, p. XVIII.<br />

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