30.06.2013 Views

thèse

thèse

thèse

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Une, encore qu’elles nous en aient procuré de nombreuses 1 ». Et il le réutilise dans sa<br />

bibliographie du Dimanche en famille de Franc-Nohain, résumant là la principale visée de sa<br />

critique : « Nous avons corné les pages qui nous parurent notables à commenter, et voici le<br />

volume deux fois plus gros. Nous tâcherons de témoigner notre satisfaction en ces interpages 2 ».<br />

La critique doit être pour Jarry la modalité écrite de la « satisfaction 3 » induite par la lecture,<br />

faisant possiblement écho au propos de Rachilde au sujet du roman de Pierre Louÿs dans Le<br />

Mercure de France en 1896 : « Raconter Aphrodite ? Vous n’attendez pas cela de moi ! Je me bornerai<br />

à me réjouir […] 4 ».<br />

L’auteur de La Chandelle verte se place résolument, comme déjà signifié, du côté des critiques<br />

impressionnistes qui considèrent que « [l]e concept de jouissance, cher à Barthes, des effets<br />

légèrement orgasmiques produits par l’érotisation du processus discursif et de sa réception 5 »<br />

demeure à ce point l’essentiel que le compte rendu doit garder fortement la trace du plaisir qu’a<br />

ressenti le critique à la lecture, et qui poussera les lecteurs à faire le chemin jusqu’au livre, afin de<br />

pouvoir éprouver même sorte de plaisir : il s’agit pour le critique de « partager » avec « ses<br />

lecteurs » le plaisir « éprouv[é] 6 », de par les modalités discursives de sa critique, qui se veut, telle<br />

celle que pratique Gourmont, « médiation critique intuitive et non pas purement discursive 7 » : « [l]a<br />

première prise de contact du lecteur avec l’œuvre doit avoir lieu, selon cette pratique, au niveau<br />

de la sensation, de l’impression, de l’image, pour qu’elle échappe au générique et à l’abstrait de la<br />

définition intellectuelle. Le discours viendra ensuite, et il parlera à l’intelligence en termes<br />

d’intelligence, lorsque l’entente intuitive préparée par l’effort impressionniste du critique aura<br />

orienté la sensibilité du lecteur en s’efforçant de la mettre au diapason de celle de l’auteur. En ce<br />

sens la formule critique des Masques », partagée par de nombreux auteurs, « serait celle d’un<br />

impressionnisme cherchant la communication – et la communion – esthétique plutôt dans un<br />

choc de la sensibilité et de l’imagination que dans une prise de conscience analytique 8 ».<br />

Partager le plaisir éprouvé, cela consiste à le signifier d’abord, c’est-à-dire à en signifier<br />

l’intensité.<br />

Dans son compte rendu du cinquième tome du Livre des Mille Nuits et une Nuit, l’auteur du<br />

Surmâle décrit ainsi sa posture de lecteur : « [...] nous ne pouvons, comme le Porteur, héros d’un<br />

1 OC II, p. 648.<br />

2 Id., p. 681.<br />

3 Ibid.<br />

4 Le Mercure de France, n° 76-78, tome XVIII, avril-juin 1896, p. 286.<br />

5 George Steiner, Réelles présences, Les arts du sens, traduit de l’anglais par Michel R. de Pauw,<br />

Gallimard, collection Folio, 1991, p. 162.<br />

6 LEROY BERTRAND-SABIANI, op. cit.<br />

7 CARAMASCHI, p. 155.<br />

8 Ibid.<br />

163

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!