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du fait de l’œuvre qui est incessante construction et qui est seule à même de pouvoir la donner à<br />

voir, de l’œuvre avec laquelle elle se confond entièrement, du fait de son statut d’écrivain ; et son<br />

identité se construit justement au moyen de l’adoubement par Jarry de ces affinités qui s’établit par<br />

l’accession de celles-ci à l’œuvre et par la récurrence avec laquelle elles s’expriment au sein de<br />

l’œuvre).<br />

3. 3. 7. 4. 1. Goût commun pour le paradoxe ?<br />

Hormis le mépris du journalisme ou la critique de l’armée, on retrouve ainsi notamment chez<br />

Jarry et Péladan la même envie d’ « arros[er] des paradoxes à faire tomber la foudre 1 ».<br />

Par exemple, on lit dans L’Androgyne : « Le superflu c’est l’indispensable 2 ». Et il y a bien,<br />

présente chez Jarry, une « ivresse du paradoxe 3 » : songeons seulement au début du Surmâle.<br />

Dans Le Vice Suprême, Péladan remarque : « Qui dira le tréfonds de débauche de certaines<br />

continences et ce qu’il peut entrer de vice dans une vertu ? 4 » avant de conclure que « Messaline<br />

n’est pas toujours à Suburre ou dans les bras de Silius ; on peut se souiller plus encore par l’esprit<br />

que par le corps 5 », ce qui annonce ce qu’il écrira dans Istar (1888) : « La femme qui n’a pas aimé,<br />

eût-elle vingt enfants, est toujours vierge ; et la femme qui n’a pas aimé, à son rang, à sa hauteur,<br />

peut se souiller de vingt hommes, elle n’a point eu d’amants 6 » (remarque qui préfigure<br />

singulièrement ce que sera la Messaline de Jarry).<br />

Ces paradoxes n’en sont que d’apparents car Péladan va jusqu’à défendre l’idée que les<br />

pensées sont des actes et qu’elles modifient concrètement l’environnement ainsi que la structure<br />

d’un individu, conception alors répandue à cette époque.<br />

3. 3. 7. 4. 2. L’idée supérieure à l’acte, la littérature supérieure à la vie.<br />

Ce faisant, il s’agit bien évidemment de proclamer en creux, en énonçant le principe<br />

d’équivalence entre l’idée et l’acte (Jarry ne fera pas autre chose, en montrant qu’il n’est pas<br />

possible pour Sengle dans Les Jours et les Nuits de distinguer sa pensée de ses actes 7 ), que l’idée en<br />

soi a grande valeur.<br />

1<br />

Sar J. Péladan, La Décadence latine, éthopée [I], Le Vice Suprême, op. cit., p. 208.<br />

2<br />

Péladan, La Décadence latine, éthopée [VIII], L’Androgyne, op. cit., p. 183.<br />

3<br />

Sar J. Péladan, La Décadence latine, éthopée [I], Le Vice Suprême, op. cit., p. 213.<br />

4<br />

Id., p. 92.<br />

5<br />

Id., p. 98.<br />

6<br />

Péladan, La Décadence latine, éthopée [V], Istar, op. cit., p. 238-239.<br />

7 Voir Bouquin, p. 590.<br />

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