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Ce qui pourrait sembler de prime abord n’être qu’une longue digression n’en est pas une car<br />

l’assimilation que fait Jarry, au sein de ce compte rendu, entre l’homme, fût-il Christ, et Dieu, de<br />

façon presque allusive alors que cet énoncé est capital chez lui (l’on perçoit ainsi à quel point<br />

l’auteur de César-Antechrist énonce de façon resserrée ce qui pour lui est le plus important ; d’où la<br />

nécessité de longs développements), est, comme nous l’avons vu, beaucoup plus complexe qu’il<br />

n’y paraît puisque Dieu étant pensé comme syn<strong>thèse</strong> par l’auteur des Minutes, il regroupe de fait<br />

en lui une diversité d’identités, jusqu’à l’animalité inquiétante, son identité réelle se confondant<br />

avec un flou quant à l’identité, à jamais irrésolu, qui autorise la coexistence des contradictoires et<br />

même des contraires.<br />

13. Jarry fait référence, mu par un souci de syn<strong>thèse</strong>, à la fin de la pièce (nous soulignons), au<br />

moment où la « foule monotone, exaltée de haine », crie : « À mort !... » et où « [l]e Christ », en<br />

réponse, apparaît « souriant et majestueux », et proclame : « Oui, je le sais… soulevés par une<br />

force mystérieuse et invisible, que ne dompte aucune volonté… tous ces êtres misérables, ils me<br />

saluent… Ainsi les sphères, qui, dans l’éther, ne se heurtent point… mais composent l’harmonie<br />

céleste que tu entends… bondissantes, environnent sans cesse le soleil saint… Et qu’elles en aient<br />

conscience ou non… mues par Dieu même… elles lui rendent grâces d’une manière adorable et<br />

continuelle… parce que c’est dans son sein qu’elles puisent la vie !... […] La foule avec une furie<br />

accrue subitement. À mort !... À mort !... À mort ! … À mort !... […] Le Christ il s’arrête<br />

également comme saisi d’un transport terrible. O mort ! voici donc le moment !...Considère que<br />

je suis tranquille et sans terreur !... Nuit ! je ne te crains pas, ô noir espace !... Constellations<br />

rocheuses, mises en mouvement par l’irrésistible impulsion de la logique, je vais vous connaître<br />

mieux encore et de plus près ! 1 ».<br />

L’on peut penser que Jarry fait également référence à un passage du XII° poème en prose de<br />

Baudelaire intitulé « Les Foules » : « Il n’est pas donné à chacun de prendre un bain de multitude :<br />

jouir de la foule est un art […] 2 ».<br />

Pourquoi Jarry se focalise-t-il précisément sur ce point précis de l’ouvrage de Saint-Georges<br />

de Bouhélier ?<br />

Remarquons que l’auteur du Surmâle évoque en des termes voisins de ceux contenus dans La<br />

Tragédie du nouveau Christ, bien avant la lecture de cet ouvrage (il est ainsi à l’écoute de la façon<br />

dont celui-ci parvient précisément à entrer en correspondance avec ses intérêts propres, qui<br />

1 Saint-Georges de Bouhélier, op. cit., p. 284-286.<br />

2 Baudelaire, Petits poëmes en prose - les paradis artificiels -, Michel Lévy frères, 1869, p. 31.<br />

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