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D’où le désir, finalement, de la décollation (afin que les yeux existent seuls, la tête étant<br />

surtout, et c’est ce qui la définit pour Fechner, « le siège de la vision 1 »), exprimé au<br />

commencement de L’Amour absolu (cette condamnation à mort – « Comme il est condamné à<br />

mort 2 » – est ainsi une punition recherchée : Emmanuel Dieu l’« attend 3 » sans nulle affirmation<br />

d’angoisse), afin que l’homme, devenu véritablement Dieu (ainsi Emmanuel Dieu porte-t-il ce<br />

nom du fait justement de sa propension à pouvoir vivre en accord avec cette effectivité de la<br />

décollation), puisse atteindre la réalité d’un ange, ou d’une comète, ce qui revient au même,<br />

constat découlant directement de la pensée de l’auteur de l’Anatomie Comparée des anges : « Les<br />

comètes anoures, selon plusieurs, sont les anges. / Emmanuel Dieu attend l’heure sidérale que sa<br />

tête s’en aille 4 » (aussi ne faut-il pas séparer ces deux vers, inextricablement liés, ce que les<br />

commentateurs trop souvent ont tendance à faire).<br />

Les cheveux rendent sensible, dans la façon qu’ils ont d’être invariablement dressés, la liaison<br />

entre la tête et l’éther : « faisant par contraste plus hérissés les cheveux écouteurs 5 », écrit Jarry<br />

dans le compte rendu qu’il dresse d’ « Âmes solitaires ».<br />

En outre, au sein des « Paralipomènes », l’on peut lire : « Et vos cheveux de fer brillant, vos<br />

lourds cheveux aux reflets bleus sont attirés par ces aimants qui pendent du ciel deux par deux. 6 »<br />

Étant « sphère », la tête ainsi apparaît véritablement, concernant l’homme, comme la<br />

« baudruche de son âme. 7 »<br />

La décollation est en conséquence un principe de mise à mort qui paradoxalement n’est que<br />

principe de vie (il ne s’agit pas ainsi uniquement de se muer en la réalité inanimée, même éternelle,<br />

des planètes, la tête finissant de se conformer à ce par quoi elle est inéluctablement attirée, étant<br />

aimantée « par ces aimants qui pendent du ciel deux par deux 8 », Jarry ici s’inspirant encore<br />

directement de Fechner qui proclame que « la tête humaine [...] est […] constamment tournée<br />

vers le soleil 9 »), une vie qui s’affirme en accord avec la beauté déjà présente dans les premiers<br />

moments de l’existence : « L’être qui naît donne à son corps germe sa forme parfaite, baudruche<br />

1 Ibid.<br />

2 OC I, p. 919.<br />

3 Id., p. 921.<br />

4 Ibid.<br />

5 Id., p. 1006.<br />

6 Id., p. 233.<br />

7 Id., p. 1024. Jarry dans son étude sur Filiger ne parle de la tête qu’implicitement, mais la mention<br />

« sphère », laquelle est rattachée indéfectiblement, suivant la pensée de Fechner, à la tête, autorise<br />

ce rapprochement : « Que le soleil ait essentiellement la puissance de produire des formes<br />

sphériques, c’est [...] ce que prouve la tête humaine » (Fechner, op. cit., p. 123).<br />

8 OC I, p. 233.<br />

9 Fechner, op. cit.<br />

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