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prolifération des avant-gardes renforce le sentiment que la critique peine à clarifier les<br />

orientations qu’on attend d’elle 1 ».<br />

Comme l’écrit R.-J. Berg, « [l]a confusion née de la multiplication prodigieuse des doctrines<br />

entretien une sorte de tolérance 2 » en matière de critique.<br />

En conséquence, « [l]’exercice du jugement critique, que peut favoriser [pourtant] la<br />

coexistence de quelques courants majeurs, se fait de plus en plus malaisé. 3 »<br />

Aussi, comment désormais juger ? « [S]elon quels critères ? L’embarras du choix décourage de<br />

choisir. Le critique qui s’obstine à vouloir régenter au nom de l’Esthétique se déconsidère. […]<br />

[S]on autorité s’évanouit. Camille Mauclair écrit en 1900 : « Un critique dogmatique nous apparaît<br />

comme un homme des anciens âges [...] » 4 ». Alfred Vallette avance dans Le Mercure de France dès<br />

1893 (dans « Notes d’Esthétique littéraire, Le Symbole » écrit à l’occasion de la parution de Le roi<br />

au masque d’or de Marcel Schwob) : « une critique pourrait naître, point dogmatique puisque non<br />

bornée – la critique qui nous manque. 5 »<br />

Ainsi que le résume Gourmont, juger n’est-il pas décidément « arbitraire en littérature, où les<br />

principes et les critères sont morts en même temps que les modèles 6 » ?<br />

En outre, vouloir « juger est vain en matière d’art, puisqu’il s’agit de ressentir des émotions et<br />

non pas de fixer des valeurs. 7 »<br />

De plus, la prolifération des avant-gardes étant perçue comme un ensemble de « monades<br />

intellectuelles 8 », ne pouvant être pour l’auteur des Epilogues comparées (et encore moins<br />

classifiées, hiérarchisées) car ayant chacune un univers propre, original et insécable, il n’est de ce<br />

fait pas question de « se juger les uns les autres [….] 9 ».<br />

Pour finir, ainsi que l’écrit Léon Blum dans les pages de La Revue blanche, le critique ne peut<br />

qu’être enfermé dans sa subjectivité laquelle n’a de valeur que pour lui-même : « Donner une<br />

valeur absolue à notre jugement, c’est se méprendre non seulement sur la valeur de notre<br />

jugement, mais sur la valeur de notre version. [...] Avant la question de critique, il y a la question<br />

d’interprétation, et nous interprétons chacun à notre manière. Tout cela peut avoir de l’intérêt<br />

pour les autres, mais ce n’est vrai strictement que pour nous 10 ».<br />

1 NORDMANN, p. 161.<br />

2 R.-J. Berg, op. cit., p. 128.<br />

3 Ibid.<br />

4 Ibid.<br />

5 Le Mercure de France, n° 37-40, tome VII, janvier-avril 1893, p. 234.<br />

6 CARAMASCHI, p. 108.<br />

7 Ibid.<br />

8 Ibid.<br />

9 Ibid.<br />

10 Léon Blum, « Nouvelles Conversations », La Revue blanche, tome VI, mai 1894, p. 443.<br />

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