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Pour cette raison, Jarry se sert du GDU à maintes reprises comme source d’inspiration : Le<br />

Moutardier du pape 1 , Le Manoir enchanté 2 , Messaline 3 sont notamment redevables à ce dictionnaire.<br />

Jarry s’en sert également, même si c’est à un moindre niveau, pour l’écriture de Faustroll, comme<br />

en témoigne sa lettre à Vallette postée du Phalanstère au printemps 1898 : « […] vous serait-il<br />

loisible de nous fournir un renseignement fort utile à notre Faustroll que nous venons de<br />

recopier ? Il existe dans le dictionnaire Larousse, au mot Haha, deux vers de Piron qui sont cités<br />

et qu’il nous embête de faire le voyage de Paris pour rechercher dans une bibliothèque. 4 »<br />

Mais l’influence qu’a eue le GDU sur Jarry se fait également sentir avec force dans son<br />

écriture journalistique, à savoir dans ses comptes rendus et spéculations. Si nous donnons à lire la<br />

chronique « Le Camelot », c’est parce qu’elle est particulièrement symptomatique de cette<br />

démarche.<br />

1. 7. 4. Distanciation humoristique face au principe de savoir.<br />

Si Jarry donne voix au principe d’érudition qui se déploie dans tous les domaines du savoir et<br />

autour duquel se construit le GDU, il le fait également, toujours, avec humour, et avec une<br />

possible distanciation ironique, montrant, sous le jour d’un savoir sérieux et pesant, qu’il n’est<br />

jamais temps de se prendre au sérieux.<br />

En cela, il se rapproche de son ami Franc-Nohain qui écrit dans Flûtes, poèmes amorphes, fables,<br />

anecdotes, curiosités, recueil paru aux éditions de la Revue blanche en 1898 et que Jarry évoque :<br />

« Pour faciliter l’intelligence de ces poèmes, et éclairer la religion du lecteur, nous croyons devoir<br />

publier d’abord ces lignes d’une rare précision et d’une irréprochable tenue d’art, que, dans leur<br />

intéressant ouvrage, consacrent au mot AMORPHE et à ses dérivés, M. Pierre Larousse et ses<br />

amis 5 ».<br />

Considérant comme Nietzsche, dont Le gai Savoir paraît en 1901, qu’ « il y a presque toujours<br />

[dans le savant] quelque chose d’oppressé qui oppresse […] 6 », l’auteur de Messaline se moque<br />

possiblement, en saturant ses comptes rendus d’érudition, de la critique universitaire qui, aspirant<br />

1<br />

Voir OC III, p. 758.<br />

2<br />

Voir Id., p. 727.<br />

3<br />

Voir OC II, p. 742.<br />

4<br />

OC I, p. 1064.<br />

5<br />

Franc-Nohain, Flûtes, poèmes amorphes, fables, anecdotes, curiosités, deuxième édition, Éditions de la<br />

Revue blanche, 1898, p. VII.<br />

6<br />

Nietzsche, Le gai Savoir (« La gaya Scienza »), traduit par Henri Albert, Œuvres complètes de Frédéric<br />

Nietzsche, publiées sous la direction de Henri Albert, Société du Mercure de France, 1901, p. 355.<br />

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