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— L’animalité définit en creux son ailleurs : l’homme.<br />

L’animalité manifestant ce qui n’est pas l’humanité, ne pouvant qu’être exclue totalement de<br />

son champ d’existence, permet à celle-ci d’être définie en creux (comme ce qui justement n’existe<br />

qu’en se tenant dans l’incapacité d’entrer en contact avec l’animalité autrement que sous la forme<br />

d’une asymptote, c’est-à-dire en s’en rapprochant toujours mais en ne la rejoignant jamais),<br />

laquelle définition finit par être tout à fait rompue par Jarry dans sa chronique « Juno Salmo au<br />

nouveau cirque » parue la même année que Le Surmâle (ce roman paraît en mai 1902, et même si<br />

la chronique est publiée le 15 janvier, on peut supposer bien sûr qu’elle fut écrite après) puisque<br />

Salmo, qui est « bien un batracien, « coass[ant] », fait s’opérer une liaison parfaite en lui-même de<br />

l’animalité et de l’humanité (mais non une fusion, puisque les deux termes ne s’excluent pas l’un<br />

l’autre), étant bien défini par Jarry comme un « homme-reptile », cette coexistence (et non pas<br />

résolution) des contraires étant réaffirmée, laquelle réaffirmation agrandit encore son importance,<br />

par l’oxymore « âme fluviatile 1 ».<br />

Voir aussi le passage des Frères Kip de Verne – si Jarry lut très certainement cet ouvrage,<br />

celui-ci portant sur l’ « étrange affaire des frères Rorique » qui l’intéresse fortement (comme en<br />

témoigne sa chronique « Edgar Poe en action » parue dans La Revue blanche le 15 mars 1901 et les<br />

lectures qui s’y rattachent), et l’on connaît de plus son intérêt pour Verne lequel s’exprime<br />

notamment par la présence du Voyage au centre de la terre au sein des livres pairs, il n’en demeure<br />

pas moins qu’il n’a pu s’en inspirer pour sa chronique « Juno Salmo au nouveau cirque » puisque<br />

ce roman ne paraît pas en 1901, contrairement à ce qu’indique l’édition Pléiade 2 , mais le 20<br />

novembre 1902, et s’il paraît initialement dans Le Magasin d’éducation et de récréation, cette<br />

publication en feuilleton ne débute que le 1 er janvier 1902, la chronique de Jarry étant publiée<br />

quant à elle le 15 janvier – où l’homme qui semble entrevu semble se révéler en réalité être un<br />

animal : « […] sur une des roches détachées du littoral, Nat Gibson crut distinguer une forme<br />

humaine. […] Était-ce un homme […] ?... […] Il était à peu près impossible de se prononcer. […]<br />

À cet instant, l’ombre envahissant cette portion du littoral, la forme humaine, si forme humaine il<br />

y avait, disparut. « […] – Vous croyez avoir aperçu un homme ?... demanda Wickley. […] – On<br />

rencontre souvent des phoques sur ces grèves au coucher du soleil, observa Hobbes, et, lorsqu’un<br />

d’eux se dresse, on peut le confondre avec un homme… 3 ».<br />

1 Id., p. 335.<br />

2 Voir Id., p. 820.<br />

3 Jules Verne, Les frères Kip, illustrations par George Roux, première partie, nouvelle édition, J.<br />

Hetzel éditeur, 1903, p. 126-127.<br />

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