30.06.2013 Views

thèse

thèse

thèse

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

comme il me plaît. N’est-ce rien ? 1 » Le « comme il me plaît » sera également le credo continuel de<br />

Jarry.<br />

Tout système de moralité repose sur la distinction élémentaire entre le bien et le mal, niée<br />

allègrement par Péladan et Jarry. Péladan, lui, remarque qu’on « appelle libre arbitre cette faculté<br />

de choisir entre le bien et le mal, cette possibilité d’opter en divers sens, qui soutient toute la<br />

morale répressive 2 ». Jarry écrit que « la notion du bien et du mal […] caractérise les esprits<br />

diaboliques et bifides, enclins à couper un cheveu au moins en deux 3 » Selon Péladan, « [l]es<br />

mortels n’ont que deux termes pour désigner ce qu’il faut fuir et rechercher, le mal et le bien.<br />

Mais comment reconnaître qu’une chose est bonne ou mauvaise ? Le moindre sophiste se<br />

chargera de nous convaincre tour à tour de la scélératesse ou de la légitimité du même acte 4 ».<br />

3. 3. 7. 4. 6. Deux visions de l’alcool opposées.<br />

Néanmoins, Péladan, contrairement à Jarry, conserve certains traits de la moralité<br />

bourgeoise 5 , comme la condamnation de l’alcoolisme. Il reconnaît que l’absinthe est un attribut<br />

du poète 6 mais ne tolère pas l’alcoolisme, qui est pour lui une des maladies du peuple.<br />

Ceux qui « peuvent s’enivrer avec du vin » sont les mêmes qui peuvent « se nourrir l’esprit<br />

d’un journal 7 ». L’alcoolisme est pour Péladan signe de lâcheté, de fuite dans l’« abrutissement ».<br />

« Quiconque, au lieu de faire front à la douleur de la vie, demande à une ivresse physique<br />

l’anesthésie morale, déchoit 8 ».<br />

Le tableau que dresse Péladan des effets de l’alcoolisme est apocalyptique : « à chaque<br />

tournée, on voyait les mains trembler autour du verre avant de le saisir, tous clignaient les<br />

paupières, le regard obstrué par des taches volantes, des mouches imaginaires qui passaient et<br />

repassaient devant leurs yeux ; certains, très intoxiqués, vacillaient avant d’avoir bu, ou se<br />

grattaient les jambes, travaillés de fourmillements affreux, d’autres avaient des secousses<br />

1<br />

Ibid.<br />

2<br />

Péladan, La Décadence latine, éthopée [VIII], L’Androgyne, op. cit., p. 263.<br />

3<br />

OC II, p. 604.<br />

4<br />

Péladan, La Décadence latine, éthopée [IX], La Gynandre, op. cit., p. 141.<br />

5<br />

Charles Merki écrit que « M. Peladan [sic] pourrait être un esthète-moraliste de très haut goût »<br />

(Le Mercure de France, n° 1-12, tome I, janvier-décembre 1890, p. 442). Ce qualificatif me paraît<br />

résumer idéalement son travail.<br />

6<br />

Péladan, La Décadence latine, éthopée [XIV], La Vertu suprême, op. cit., p. 39.<br />

7<br />

Péladan, La Décadence latine, éthopée [V], Istar, op. cit., p. 39.<br />

8<br />

Péladan, La Décadence latine, éthopée [II], Curieuse !, op. cit., p. 122.<br />

1174

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!