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4. 3. Mise en valeur de la singularité ?<br />

4. 3. 1. Mettre en avant les livres témoignant d’une originalité certaine.<br />

Il s’agit ainsi également pour les contributeurs, même si c’est plus rare, de signaler des livres<br />

pouvant témoigner d’une érudition notable.<br />

Ceux-ci font naître l’intérêt des rédacteurs parce qu’ils témoignent d’une réelle originalité,<br />

d’un réel souci d’avancée de la pensée, voulu comme tel par leurs auteurs à une époque justement<br />

où la vulgarisation s’est généralisée dans toutes les branches du savoir, cheminant, témoignant des<br />

avancées de la démocratisation, jusque dans la grande presse où elle siège avec force.<br />

Gaston Moch, rendant compte dans La Revue blanche en 1900 de l’ouvrage du commandant<br />

Emile Manceau intitulé Armées étrangères, Essais de psychologie militaire (Bibliothèque-Charpentier),<br />

écrit : « Voici un ouvrage d’un genre certainement nouveau […] 1 ». Un compte rendu anonyme de<br />

La Banque Nationale de France d’E. de Werbrouck (Savine) paru dans Le Mercure de France annonce<br />

pareillement, ce qui ne doit pas forcément être lu comme de l’ironie : « Opuscule d’un intérêt tout<br />

spécial, où l’auteur expose une combinaison de reconstitution de la Banque de France. 2 »<br />

Si la singularité est quêtée d’emblée en ce qui concerne les ouvrages scientifiques, cela signifie,<br />

bien évidemment, que n’est pas recherchée une posture énonciatrice qui voudrait épouser en tout<br />

point l’horizon d’attente d’un lecteur non érudit curieux de connaissances (à savoir,<br />

consubstantiellement, le lecteur de petites revues). En d’autres termes, les contributeurs<br />

recherchent des ouvrages émanant proprement de spécialistes et non de littérateurs aptes à<br />

transmuter un savoir dans le sens d’une plus grande compréhension possible, et par conséquent<br />

dans celui contraint d’un affadissement de la connaissance, fécond en contre-sens possibles.<br />

Charles Merki rendant compte de Le Satanisme et la Magie de Jules Bois (Chailley) écrit de<br />

façon parlante : « Voici un gros livre, d’allure consciencieuse, « le plus complet, le mieux<br />

renseigné, affirme M. Huysmans dans la préface [...] ». Le Satanisme et la Magie – et c’est là son tort<br />

le plus grave – est un livre de poète. 3 »<br />

Du reste cette recherche de l’originalité ne concerne-t-elle bien sûr pas uniquement les<br />

ouvrages marginaux eu égard aux prérogatives habituelles d’une revue littéraire mais s’inscrit-elle<br />

dans une démarche exégétique globale commune à tous les ouvrages, quel que soit leur genre, où<br />

le « neuf » s’affirme comme valeur.<br />

1 La Revue blanche, tome 23, septembre-décembre 1900, p. 76.<br />

2 Le Mercure de France, n° 13-18, tome II, janvier-juin 1891, p. 251.<br />

3 Le Mercure de France, n° 73-75, tome XVII, janvier-mars 1896, p. 274.<br />

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