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Car la difficulté, extrême, pour le critique, est bien de repérer les talents, lesquels ne peuvent<br />

être que « rares », de savoir lire en filigrane les promesses qui pourront s’actualiser dans une<br />

œuvre qui n’est encore que pure virtualité.<br />

Roland de Marès parle ainsi de Dansen en Rhytmen de Frans Erens (Amsterdam. W. Versluys)<br />

dans Le Mercure de France en 1893 : « – Une fort jolie plaquette de nouvelles qui affirme de plus en<br />

plus que M. Erens est un des rares écrivains hollandais de l’heure actuelle de qui l’on puisse<br />

espérer une œuvre 1 ».<br />

Paul Adam résume les ambitions de cette critique le 27 décembre 1910 dans la conclusion de<br />

l’enquête de L’Intransigeant sur la « Jeunesse littéraire » : « Il faut accueillir, aimer la jeunesse. Nous<br />

ne savons jamais si son œuvre, imparfaite aujourd’hui en apparence, ne contient pas le germe<br />

d’une création magnifique et prochaine. Ce germe, il convient de le chercher avec passion dans<br />

tous les essais [….] 2 ».<br />

Yvanhoé Rambusson écrit par exemple de Roland de Marès dans Le Mercure de France en<br />

1893 à propos de Assiettes Douloureuses (Vanier) : « […] jeune poète qui, débarrassé de ses<br />

inexpériences, doit donner une œuvre. 3 »<br />

Aussi le critique doit-il avoir « de l’indulgence et de la compréhension » pour les « échecs » de<br />

l’auteur. Il doit « encourage[r] ses efforts », « loue[r] ses résultats », « présente[r] et commente[r]<br />

son œuvre ». « Il passera outre aux susceptibilités de son goût personnel, visera à l’essentiel et à<br />

l’ensemble au lieu de s’acharner sur le détail ; il ne lui demandera point la réussite complète et lui<br />

tiendra compte de sa bonne volonté, du courage d’avoir osé. D’esprit large et accueillant, il<br />

comprendra et aimera, à leur heure et à leur place, toutes les manifestations de la pensée et de la<br />

sensibilité. 4 »<br />

Le critique doit en outre faire figure de guide pour l’auteur qui lira sa critique,<br />

puisqu’évidemment « [i]l n’est de lecteurs plus passionnément attentifs aux jugements de la<br />

critique que les auteurs eux-mêmes 5 » (c’est pour cette raison que Jarry « s’est abonné à l’Argus de<br />

la presse qui lui a transmis vingt et un articles » concernant la représentation d’Ubu Roi. Et l’intérêt<br />

qu’il portait à ces jugements critiques tient au fait que « [p]our bien les conserver, il les a collés sur<br />

1<br />

Le Mercure de France, n° 45-48, tome IX, septembre-décembre 1893, p. 174.<br />

2<br />

Propos cité par Alain-Fournier, Chroniques et critiques, textes réunis et présentés par André<br />

Guyon, Le Cherche midi éditeur, collection Amor fati, p. 83.<br />

3<br />

Le Mercure de France, n° 45-48, tome IX, septembre-décembre 1893, p. 92.<br />

4<br />

CARAMASCHI, p. 109.<br />

5<br />

P. Brunel, D. Madelénat, J.-M. Gliksohn et D. Couty, La critique littéraire, Presses universitaires<br />

de France, collection Que sais-je ?, 2001, p. 66.<br />

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