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déplacement muet opéré par l’auteur du Surmâle) :<br />

Jarry : « le [d]ehors moderne, [...] orné d’une parure immobile, façades, statues, maisons<br />

d’angle qui sont la possibilité d’art décoratif des grandes voies; et d’une parure mobile,<br />

affiches » (Jarry, donc).<br />

Kahn : « Ces grandes voies donnent des possibilités d’art décoratif à toutes leurs maisons d’angles 1 ».<br />

« La rue est ornée par sa parure immobile, façades, statues et par sa parure mobile, affiches, lumières,<br />

enseignes et styles particuliers des devantures de magasins. La parure mobile de la rue [...] s’est<br />

renouvelée grâce à l’affiche 2 ».<br />

Seuls les mots de liaison sont ici de la main de Jarry. Ce dernier prélève les mots du texte et<br />

compose un ordre nouveau. Pourquoi cet ordre nouveau ?<br />

Pas pour le goût de la reformulation (Jarry ne ressent pas le besoin de déguiser les citations<br />

qu’il s’approprie dans ses comptes rendus sans les nommer) mais pour les nécessités de la<br />

syn<strong>thèse</strong>, à quoi doit aboutir, finalement, tout compte rendu, une syn<strong>thèse</strong> qui se doit d’être d’une<br />

grande clarté, laquelle n’a rien à voir avec la simplicité, « complexe resserré et synthétisé » (Les<br />

Minutes).<br />

On trouve des exemples aboutis de cet art de la syn<strong>thèse</strong> notamment dans les comptes<br />

rendus que fait Jarry des livres de voyage, en particulier Au pays des Somalis et des Comoriens 3 et Au<br />

pays de l’esclavage, mais aussi dans maints autres comptes rendus, comme dans celui de Rêveries dans<br />

la montagne de Trachsel, note de lecture qui est insérée dans La Revue blanche le 15 juin 1901 (le<br />

livre de Trachsel paraît à compte d’auteur à la Librairie Fischbacher en 1900).<br />

Jarry écrit ainsi : « la faux de la faucheuse de cœurs, la fille de l’Alpe, aux attaches de<br />

chamois ». Trachsel note quant à lui originellement (nous soulignons) : « la faucheuse de l’Alpe ;<br />

elle fauche l’herbe odorante, l’herbe fleurie de la montagne, mais elle fauche les cœurs aussi... Elle<br />

fauche les cœurs aussi, elle a fauché le mien... Oui, elle a fauché le mien... Car elle est si belle<br />

parbleu ! et dès que je l’ai vue, je l’aimai, puis elle m’ensorcela. Car elle est si belle, elle est si belle<br />

1 Gustave Kahn, op. cit., p. 295.<br />

2 Id., p. 292.<br />

3 Dans son compte rendu de Au pays des Somalis et des Comoriens de Lucien Heudebert, Jarry écrit :<br />

« Au pays des Somalis, un Somali porte, au-dessus du coude droit, autant de bracelets d’ivoire<br />

qu’il a tué d’hommes jusqu’à quatre ; un bracelet de fer au poignet droit signifie cinq hommes<br />

». L’auteur du Surmâle synthétise un passage du livre de Heudebert (Au pays des Somalis et des<br />

Comoriens, Maisonneuve, 1901, p. 81) qui est en fait une citation d’un livre du comte de Poncins<br />

(Société africaine de France, 1898) : « [Quand il a tué,] l’homme peut porter […] toute sa vie un<br />

bracelet de cuivre ou d’ivoire au-dessus du coude droit. Quand on a tué plusieurs hommes on<br />

met soit un bracelet d’ivoire de plus par homme tué, soit un bracelet de fer au poignet droit, ce<br />

dernier signifie cinq hommes. »<br />

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