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Ainsi, lorsque la lassitude de Thadée Natanson, exacerbée par des problèmes familiaux, le<br />

poussera à ne plus vouloir lutter contre les soucis financiers que subit La Revue blanche et à céder<br />

les éditions à Fasquelle, qui met bientôt fin à l’existence de la revue 1 , le 15 avril 1903 au n° 237,<br />

cela plongera Jarry ainsi que les écrivains qui ont participé à l’entreprise dans une douloureuse<br />

stupéfaction.<br />

Il ne s’agit pas de la fin de La Revue blanche mais bien de sa mort, ainsi que l’écrit Jarry dans sa<br />

lettre à Fénéon du 9 avril 1903 : « Peut-être aussi serai-je informé par vous, à cet instant, si La<br />

Revue blanche est décidément morte ? 2 » Le choix de ce mot n’est nullement anodin et fait écho au<br />

cri de douleur de Fagus lors d’une soirée de La Plume en 1903 : « – La Revue blanche va crever ! Y<br />

prit-on garde si vite ? Pas au gré de Fagus franchissant le pas pour, cette fois, hurler : – La Revue<br />

blanche va crever !... La Revue blanche va crever !... 3 »<br />

En s’attachant l’attention constante du lectorat de la revue, qu’il a séduit (par le biais du<br />

recours à une clarté très fortement travaillée par le ludique), Jarry cherche en premier lieu à faire<br />

en sorte que sa participation à La Revue blanche se perpétue, la maintenant ainsi en-deçà du risque<br />

de désaffection qui pourrait venir de la revue elle-même.<br />

Il tire ainsi les conséquences de la façon dont l’obscurité propre à son article intitulé<br />

« Filiger », paru dans Le Mercure de France, l’a empêché semble-t-il de devenir un critique d’art<br />

régulier au sein de cette revue. L’apparent désaveu de la rédaction l’a poussé à abandonner cette<br />

forme de critique – Julien Schuh remarque ainsi que « l’ascension » de Jarry « au sein du Mercure de<br />

France prend fin avec son article sur Filiger, jugé trop obscur par d’autres critiques de la revue 4 ».<br />

1. 4. 2. « Écrire comme tout le monde ».<br />

L’auteur de César-Antechrist sait le péril que représente dorénavant l’obscurité jusqu’au sein<br />

des petites revues les plus exigeantes. « M. Alfred Jarry, que les lecteurs du Mercure connaissent<br />

tous, si tous, dit-on, ne l’entendent point 5 », résume Pierre Louÿs au sein du Mercure de France en<br />

1895, dans son compte rendu de Le Victorieux d’A.-Ferdinand Herold (Librairie de l’Art<br />

Indépendant). Edouard Dubus écrira dans L’Ermitage l’année suivante : « L’an dernier, M. Jarry<br />

Lucien Victor-Meunier, Pascal Grousset, Albert Quantin, Portraits et biographies », Flammarion,<br />

1901, p. 384.<br />

1<br />

Sur les raisons non encore tout à fait éclaircies qui ont poussé les frères Natanson à céder la<br />

revue à Fasquelle, voir LEROY BERTRAND-SABIANI, p. 212 et Geneviève Comes, op. cit., p.<br />

25.<br />

2<br />

OC III, p. 574.<br />

3<br />

André Salmon, Souvenirs sans fin¸ Première époque (1903-1908), Gallimard, 1955, p. 73.<br />

4<br />

Julien Schuh, op. cit., p. 66-67.<br />

5<br />

Le Mercure de France, n° 64-66, tome XIV, avril-juin 1895, p. 246.<br />

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