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pas mauvais d’agir au point de vue littéraire, comme le peintre le fait au point de vue graphique,<br />

c’est à dire de se servir directement de la Nature, pour chercher à obtenir une plus grande<br />

fraîcheur de vision. Il fut donc procédé de la sorte pour le présent volume, et ces études sont<br />

pour ainsi dire écrites sous la dictée immédiate des sensations éprouvées en Suisse, en août 1897,<br />

dans une région de l’Oberland bernois, en plein air, le crayon et le carnet à la main. Quelques<br />

retouches seulement ont été faites ensuite, concernant des détails de la phrase. Afin d’être plus<br />

conformes à la vérité, ces morceaux sont placés dans l’ordre où ils furent écrits. 1 »<br />

Remarquons que Jarry ôte sa majuscule à « Nature », adoptée par Trachsel.<br />

La formulation « l’écrivain a mis à profit les procédés du peintre » est la seule par quoi Jarry<br />

puisse faire allusion, mais très indirectement, à l’œuvre picturale de Trachsel. Très indirectement,<br />

puisque Jarry n’écrit pas « ses procédés de peintre » comme il aurait pu, en toute logique, le faire<br />

mais d’une façon neutre « les procédés du peintre », ne renvoyant ainsi absolument pas<br />

spécifiquement à Trachsel.<br />

Cette posture adoptée par Jarry (qui rejoint en tout point celle déjà adoptée lors de la<br />

bibliographie du Cycle) n’est nullement anodine. Ce faisant, l’auteur des Minutes témoigne de la<br />

volonté qui est la sienne de surtout parler de lui comme écrivain (il faut ainsi mettre en parallèle<br />

les comptes rendus qu’il fait du travail littéraire de Trachsel et ceux qu’il dresse de l’œuvre de<br />

Demolder), alors que la plupart des notes et articles concernant Trachsel dans les revues, du reste<br />

peu nombreux, ont trait à sa peinture (et c’est encore le cas aujourd’hui) : certains comptes rendus<br />

concernant celle-ci sont élogieux 2 mais son œuvre picturale, mêlant visions géométriques et<br />

simples paysages, était le plus souvent reçue de façon mitigée, pour ne pas dire dubitative, comme<br />

en témoigne le compte rendu de Fagus (qui a valeur de syn<strong>thèse</strong>) de l’exposition d’aquarelles de<br />

Trachsel à la Galerie des Artistes modernes (19 rue Caumartin) qu’il fait paraître dans La Revue<br />

blanche au sein de la rubrique « Petite gazette d’art » en 1900 3 .<br />

En outre, lorsque l’œuvre littéraire de Trachsel est évoquée, ce qui est rare, c’est toujours<br />

sous l’angle de l’étrangeté, laquelle est le plus souvent, même de façon elliptique, stigmatisée<br />

comme dans L’Ermitage sous la plume de Roland de Marès 4 .<br />

Il ne s’agit ainsi pas seulement pour Jarry de parler de Trachsel comme écrivain mais<br />

également de défendre cette œuvre, de la réhabiliter en quelque sorte, ce qu’il s’attache à faire<br />

dans cette bibliographie, montrant comment la pratique de la peinture de l’auteur peut justement<br />

grandir son écriture.<br />

1 Albert Trachsel, Rêveries dans la montagne, Librairie Fischbacher, 1900, p. 1-2.<br />

2 Voir Le Mercure de France, n° 154-156, tome XLIV, octobre-décembre 1902, p. 539-541.<br />

3 Voir La Revue blanche, tome 22, mai-août 1900, p. 463-465.<br />

4 Voir L’Ermitage, op. cit.<br />

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