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Ainsi, par cette appropriation apparemment singulière et personnelle (voulue singulière à<br />

hauteur de l’idiosyncrasie), Jarry ne faisant (semble-t-il de prime abord) que répondre au credo<br />

« selon qu’il me plaît », il s’agit pour l’auteur de La Dragonne de lutter contre le caractère anonyme<br />

de l’événement tel que rigoureusement décrit par Claude Romano : « Rapportés par la presse<br />

écrite [...], véhiculés sous forme d’ « informations », ces événements apparaissent, au contraire,<br />

dépourvus de toute assignation spécifique : ils s’adressent à tout le monde et à chacun, c’est-à-<br />

dire, proprement, à personne – à un « tout le monde » générique qui signifie, fondamentalement :<br />

personne en particulier – de telle sorte qu’ils semblent flotter, pour ainsi dire, au-dessus des<br />

individus singuliers, dans l’éther d’une histoire anonyme, sans véritables agents et sans<br />

responsables. L’événement public est un événement où il ne retourne pas de mon ipséité, que je<br />

n’ai pas à m’approprier moi-même à travers une ex-pér-ience. Le propre de l’information, en<br />

effet, est de nous désapproprier de notre ex-pér-ience propre […] 1 ».<br />

1. 3. Absence de projet de réunion des comptes rendus en livre.<br />

Mais qu’en est-il précisément de la posture de Jarry vis-à-vis de l’actualité en ce qui concerne<br />

son travail de critique littéraire effectué au sein de La Revue blanche ?<br />

Alors que « [l]es articles [de critique] sont fréquemment repris en recueils qui paraissent en<br />

librairie 2 », Jarry n’a jamais émis le souhait d’agir de même pour l’ensemble de ses bibliographies :<br />

« il n’a [pas] laissé de plan indiquant qu’il voulait faire de [s]es textes critiques un livre à part<br />

entière. 3 »<br />

Et ce soit parce qu’il considérait d’abord ce travail comme un travail alimentaire devant resté<br />

confiné à l’éphémère de la parution en revue (et ainsi littéralement à la plus stricte actualité), soit<br />

parce qu’il pensait ce volume inenvisageable, étant donné la difficulté (présente d’abord dans le<br />

sens où elle était intériorisée par lui) où il se trouvait de faire accepter son volume de chroniques,<br />

ce dont témoigne très fortement Apollinaire : « Jarry avait ses « Spéculations », n’osait les porter à<br />

un éditeur pensant [qu’il] fallait pour un in-18 un roman, mourant de faim près de son livre 4 ».<br />

Il est impossible de connaître le statut qu’accordait Jarry à ses textes critiques. Comment de<br />

lui-même les considérait-il ?<br />

1<br />

Claude Romano, L’événement et le monde, Presses Universitaires de France, 1998, p. 274.<br />

2<br />

LEROY BERTRAND-SABIANI, p. 295.<br />

3<br />

OC II, p. 941.<br />

4<br />

Apollinaire, Journal intime, 1898-1918, édition présentée et annotée par Michel Décaudin, Edition<br />

du Limon, 1991, p. 147 (propos cité dans BESNIER, p. 675).<br />

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