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êve – friable et éphémère, au point de faire également du pittoresque cela même qui masque, ou<br />

qui cherche à masquer, cette vacuité.<br />

La vacuité, c’est-à-dire, comme nous l’avons vu, la possible ruine – lorsque le regard n’est pas<br />

plongé dans une dynamique érotique que fait naître alors toute distanciation en lien avec le<br />

féminin, comme c’est le cas de façon exemplaire avec le voile 1 –, puisque le fait de masquer<br />

répond à une visée : s’il s’agit de masquer, il s’agit de taire au regard ce qui doit être tu.<br />

Néanmoins, là encore, le pittoresque masque la possible ruine en l’approfondissant pour qui<br />

sait regarder (le fait de masquer dessine précisément les contours de ce qui est proclamé par cet<br />

acte comme méritant d’être masqué et ainsi de ce qui mérite d’être regardé : qui masque désigne<br />

l’intérêt de ce qu’il masque).<br />

2. 2. 3. Le Chinois de paravent.<br />

Jarry a donc retenu ce lien primordial, afin de dégager subrepticement une définition de ce<br />

qu’est pour lui le pittoresque : aussi la formulation – qui survient peu après dans le compte rendu<br />

– « le vrai Chinois est bien le Chinois de paravent » permet-elle à l’auteur de Messaline d’énoncer<br />

en creux cette définition, le paravent étant l’objet qui masque par excellence, qui masque ce qui<br />

n’existe pas puisque ce qui est masqué se tient dans le lieu de l’informulé et ainsi se confond en<br />

tout point avec la vacuité aux yeux du lecteur ou du spectateur, c’est-à-dire avec une virtualité<br />

inactualisable autrement qu’en déplaçant le paravent ou en déplaçant son propre regard, ce qui<br />

revient au même, puisqu’on ôte alors au paravent sa fonction de paravent.<br />

L’expression « Chinois de paravent », si elle peut signifier que Jarry se tient au « plus loin du<br />

« pittoresque », – puisqu’il s’agit ici de nier toute réalité de la Chine […] dont le paravent », qui a<br />

« pour fonction de dissimuler 2 », « serait un reflet 3 » –, renvoie bien, également, au pittoresque, la<br />

Chine se résumant alors à des archétypes, fussent-ils miniatures, à une collection de figures<br />

attendues qui satisfont l’imaginaire collectif (circonscrit en théorie à l’ensemble non pas des<br />

lettrés mais de tous ceux qui ont accès à la lecture) en venant épouser au plus près l’horizon<br />

d’attente construit à partir de la lecture des nombreux récits de voyage qui inondent le chemin de<br />

fer de la grande presse, les revues spécialisées, les romans ou relations de voyages… ; les récits de<br />

voyage, s’ils sont alors foison, le sont parce qu’ils sont éminemment populaires.<br />

1<br />

Voir notamment Id., p. 175.<br />

2<br />

Voir, à ce propos, Eugène Demolder, L’Agonie d’Albion, Société du Mercure de France, 1901, p.<br />

47.<br />

3<br />

Patrick Besnier, Alfred Jarry, Plon, 1990, p. 122.<br />

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