30.06.2013 Views

thèse

thèse

thèse

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Il semble ainsi que les critiques en choisissant certains opuscules, pour en rendre compte,<br />

parmi ces piles de livres reçus parfaitement inappropriés eu égard à la tonalité première de la<br />

petite revue au sein de laquelle ils œuvrent, cherchent à répondre autant à la demande du marché<br />

éditorial qu’à celle des lecteurs, les deux demandes évoluant bien évidemment de concert.<br />

Il n’est ainsi pas possible d’affirmer abruptement comme le fait Henri Bordillon : « Il reste<br />

que ne laisse pas d’être étonnant, si l’on considère l’ensemble des Textes critiques et divers, le<br />

nombre élevé d’ouvrages dont Jarry rend compte mais dont il semble être presque le seul à se<br />

soucier, à son époque comme à la nôtre. 1 »<br />

Le goût du lectorat de plus en plus large s’affirmant de plus en plus protéiforme, disparate,<br />

voire hétéroclite, à hauteur justement de la façon dont le public s’élargit, on observe que les<br />

périodiques « rend[e]nt compte d’une actualité [extrêmement] diversifiée 2 ».<br />

5. 2. Souci d’ouverture dans le travail critique de Jarry à La Revue blanche.<br />

Le souci qu’a Jarry de rendre compte d’ouvrages extrêmement divers doit être ainsi fortement<br />

rapproché de la façon qu’il a de privilégier également, tout au long de la seconde période de sa<br />

critique littéraire se donnant (semble-t-il) libre cours à La Revue blanche, les romans, à l’opposé de<br />

la dynamique qui caractérise sa première période critique se déployant surtout à L’Art littéraire,<br />

laquelle se spécifie notamment par un goût beaucoup plus affirmé pour les recueils de poèmes,<br />

une attention (bien) plus grande envers ce « type » d’ouvrages – car si Jarry rend compte par<br />

exemple du livre de poèmes intitulé Ixion de Fagus, c’est d’abord parce que celui-ci est l’un de ses<br />

(proches) amis ; et s’il fait le choix de chroniquer Le Jardin des Ronces de F.-A. Cazals, outre le fait<br />

que cet auteur soit, là encore, de ses amis, il est significatif de constater que ce livre, quand bien<br />

même il apparaît de facto comme un recueil de poèmes, s’affirme d’abord et avant tout, et ce<br />

ostensiblement, jusque dans le cours du compte rendu, suivant toute l’intensité de son caractère<br />

extrêmement abordable pour tout lecteur, plaisant même : les poèmes ici s’affirment comme<br />

chansons et se revendiquent tels ; aussi, poésie, soit, mais loin de l’obscurité qui pourtant<br />

caractérise ontologiquement ce genre au vu de l’idéalisme tel que Jarry se l’est approprié au<br />

commencement de sa carrière littéraire.<br />

Cette volonté de donner principalement voix aux romans dans les pages de La Revue blanche, à<br />

l’opposé de sa première période critique, tient au fait que Jarry, lorsqu’il œuvre pour L’Art<br />

littéraire, se tient dans une logique de clôture sur lui-même (mais d’ouverture au Mercure de France,<br />

1 OC II, p. 942.<br />

2 NORDMANN, p. 159.<br />

347

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!