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nerveuses convulsives ; tous ces élus de la paralysie générale et du delirium tremens présentaient une<br />

symptomatologie vivante et complète de l’alcoolisme 1 ».<br />

Véritable vision d’enfer (héritée de Dante 2 ), elle sera conjurée par le héros grâce au meurtre,<br />

ce qui est reproché à Nebo par la princesse Paule, reproche qui n’a narrativement d’autre<br />

fonction que de faire naître l’explication : tuer « l’ivrogne », qui est un ennemi « de l’Absolu et<br />

non le Diable », c’est faire œuvre de « justicier, sans passion aucune 3 ».<br />

L’éloge libre que fait Jarry de la boisson est ainsi situé aux antipodes des considérations que<br />

porte Péladan sur ce qu’il juge être un fait social caractéristique de la province (cloaque où<br />

fourmille l’inepte foule), celle-ci étant synonyme de bêtise : « Tu resteras provincial, c’est-à-dire<br />

bête 4 ».<br />

Il apparaît, du fait de ce que nous avons évoqué, que l’éloge que fait Jarry de l’auteur de La<br />

Décadence latine, au sein des deux comptes rendus qu’il insère dans La Revue blanche, s’élabore, peut-<br />

on penser, par le biais de ces bibliographies – car tout porte à penser que Jarry choisissait lui-<br />

même les livres dont il rendait compte ; aussi, dans ce cas précis, apparaissant comme<br />

systématique et s’inscrivant durablement dans une chronologie qui n’est ainsi reliée<br />

qu’incidemment à la lecture des livres dont il est rendu compte, l’éloge s’affirme préalable à la<br />

volonté de rédiger un compte rendu ; or, le livre sur lequel celui-ci se construit semblant être<br />

choisi, il l’est justement, peut-on penser, pour que l’éloge puisse s’exprimer, se donner à voir<br />

publiquement – il faut donc y voir les formes dissimulées d’un aveu d’où, étant donné l’hyperbole<br />

non ironique par quoi Jarry donne à entendre ce qu’il pense de l’œuvre de Péladan, émerge<br />

l’énoncé de la reconnaissance de la figure du double.<br />

Ainsi, si Jarry loue immodérément l’œuvre complète de Péladan, bien que n’étant sans doute<br />

nullement proche de lui, dans son existence s’entend, c’est du fait de la façon qu’il a d’apparaître<br />

comme une figure pour lui gémellaire (tout comme l’est, à certains égards, Valéry), et c’est<br />

précisément, certaines différences notables apparaissant entre ces deux auteurs, autour de la<br />

vision de l’amour que se reconnaît le plus fortement cette gémellité.<br />

Aussi l’éloge que dresse Jarry apparaît-il comme étant l’une des modalités particulières (et<br />

sans doute la plus visible) de l’éloge général du Même qui se fait jour au travers de l’ensemble de<br />

ses textes de critique littéraire publiés au sein de La Revue blanche.<br />

1<br />

Id., p. 121.<br />

2<br />

La filiation est très marquée tout au long de Curieuse !.<br />

3<br />

Id., p. 287.<br />

4<br />

Péladan, La Décadence latine, éthopée [V], Istar, op. cit., p. 174.<br />

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