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1. 1. 4. Supériorité du Moi de l’auteur sur celui du lecteur.<br />

Pour Jarry, il s’agit proprement de remplacer la primauté du Moi du lecteur par celle du Moi<br />

de l’auteur (fût-il auteur d’un compte rendu), lequel se confond avec le texte. Ce parti pris<br />

esthétique est alors flagrant dans les premiers textes critiques de Jarry, dans son article sur Filiger<br />

notamment, mais également, et avec encore plus d’ostentation, dans le compte rendu de Fargue<br />

de Premières lueurs sur la colline de Fort inséré dans Le Mercure de France de juillet 1894.<br />

Ce parti pris naît ainsi en tout point de l’affirmation de l’idiosyncrasie puisque Fargue ayant<br />

valeur de figure de double pour Jarry, celui-ci, en s’inscrivant dans le même élan herméneutique et<br />

poétique que Fargue, proclame en creux cette liaison existant entre eux, laquelle proclamation<br />

n’est en réalité qu’une affirmation déguisée de Soi puisque le propre de l’amour du double est<br />

d’être la réitération d’un amour de Soi, en plaçant Soi en dehors de soi afin qu’il résonne encore<br />

davantage, quant à la vie propre de celui qui tisse cet amour.<br />

1. 2. L’obscurité placée au fronteau du « Linteau » des Minutes.<br />

Jarry, publiant des années plus tard à La Revue blanche, ne délaisse pas pour autant l’obscurité.<br />

Comme l’écrit Julien Schuh, Jarry ne « se plie pas aux contraintes de lisibilité de l’époque ;<br />

l’opacité, si elle fait partie des tics d’écriture symbolistes 1 » (le symbolisme a été systématiquement<br />

« contre la clarté et la facilité des surfaces pour les incertitudes fécondes de l’obscurité 2 », constate<br />

en effet Enzo Caramaschi), est « de trop d’importance dans sa vision de la littérature pour être<br />

abandonnée sur commande 3 ».<br />

Un élément nous permet de comprendre à quel point l’obscurité est primordiale pour Jarry,<br />

et ce comme principe fondateur de son œuvre, puisque le « Linteau » des Minutes s’annonce<br />

véritablement comme la pierre fondatrice de l’œuvre complète, ne serait-ce que par son statut<br />

d’ouverture de celle-ci.<br />

Pour l’écriture du « Linteau » des Minutes (ce recueil paraît au Mercure de France le 5 octobre<br />

1894), Jarry s’inspire notamment de la « [c]onférence sur Solness le Constructeur » de Camille<br />

Mauclair prononcée au Théâtre de l’Œuvre avant la répétition générale et la première<br />

représentation, les lundi 2 et mardi 3 avril de la même année, et publiée dans le numéro du<br />

Mercure de France de mai. Jarry s’est sans doute inspiré du texte publié dans Le Mercure de France.<br />

1 Julien Schuh, Alfred Jarry – Le Colin-Maillard cérébral, Étude sur les dispositifs de diffraction du sens,<br />

Thèse de doctorat, Paris IV, 2008, p. 67.<br />

2 CARAMASCHI, p. 98.<br />

3 Julien Schuh, op. cit.<br />

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