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Le « Chinois » est alors « de paravent » parce que sa présence est ontologiquement rattachée<br />

à ce décor miniature.<br />

Jules Verne évoque dans Le Tour du monde en 80 jours (1873), concernant la Chine, « […] des<br />

rues interminables où l’on eût pu recueillir une moisson d’enfants […] qu’on eût dit découpés<br />

dans quelque paravent indigène […] 1 ».<br />

Jean Dargène quant à lui écrit dans Le Feu à Formose paru en 1889 : « […] la délicieuse<br />

Chinoise de paravent déployait les grandes ailes de son éventail […] 2 ».<br />

Aussi, des formulations comparables reviennent dans des ouvrages que Jarry a pu lire (l’on<br />

connaît son intérêt pour Jules Verne, le Voyage au centre de la terre faisant partie des livres pairs de<br />

Faustroll et il avoue dans ce compte rendu avoir lu des « histoires de voyages pleines de détails<br />

pittoresques et amusants », ainsi que nous l’avons déjà relevé, formulation qui peut, également,<br />

n’être ainsi pas une hyperbole), avec une insistance telle, laquelle n’est que l’illustration de topoï<br />

ancrés dans un imaginaire collectif, que Marcel Monnier déclare dès 1899 chercher à combattre<br />

les « silhouettes de pure convention, Célestes de paravent ou de potiche », voulant « donner de la<br />

Chine ou, plus exactement, d’une parcelle de la Chine, un croquis fidèle. 3 »<br />

Comme le résume le « [c]olonel » Tcheng-Ki-Tong : « Entre les petits Chinois qui nagent<br />

dans le sirop, comme les prunes, et les grands Chinois qui s’ébahissent sur les paravents, il y a<br />

assez de place pour nos quatre cents millions d’habitants. C’est tout ce qu’on sait de notre<br />

Chine ! 4 »<br />

2. 2. 4. Un fœtus dans un bocal.<br />

Le bocal désigné implicitement par Tcheng-Ki-Tong a ainsi dans l’imaginaire collectif<br />

occidental un sens comparable à celui de paravent.<br />

L’auteur distingue là les deux traits principaux que retient également Jarry (auxquels il faut<br />

ajouter un troisième trait, désigné par Marcel Monnier dans sa formulation « Célestes de paravent<br />

ou de potiche » : la potiche, autrement dit le bibelot, abondamment utilisé par l’auteur de<br />

Messaline, comme nous allons le voir), ayant trait au pittoresque en lien avec l’Orient.<br />

1<br />

Jules Verne, Les romans de la terre, édition présentée et commentée par Claude Aziza, Omnibus,<br />

2002, p. 109.<br />

2<br />

Jean Dargène, Le Feu à Formose, Roman Chinois, Librairie de la Nouvelle Revue, 1889, p. 34.<br />

3<br />

Marcel Monnier, Le Tour d’Asie, I, Cochinchine, Annam, Tonkin, « ouvrage accompagné de 38<br />

gravures d’après les clichés de l’auteur et d’une carte-itinéraire », E. Plon, Nourrit et Cie, 1899, p.<br />

III.<br />

4<br />

Colonel Tcheng-Ki-Tong, Les Chinois peints par eux-mêmes, neuvième édition, Calmann Lévy,<br />

1884, p. II.<br />

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