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Istar, Nergal, un des doubles de Péladan, possède lui « les six mille livres que veut Stendhal pour<br />

l’honnête homme 1 ». Ses lectures sont « les plus diverses 2 ».<br />

3. 3. 7. 4. 3. S’armer de toute la virtualité du Verbe.<br />

À travers la littérature, c’est le Verbe que Péladan magnifie. Or, écrivain catholique, qui<br />

aimerait que quelque-chose de l’Orient rejaillisse sur le prestige dévoyé de la religion, il<br />

expérimente la foi comme pouvant, mieux que la littérature, « virtualis[er] » le Verbe. Car le<br />

Verbe, pour être « éternel », n’en est pas moins « perpétuellement en latence de virtualité 3 ». Et la<br />

foi permet au croyant de s’augmenter et s’armer littéralement de cette virtualité 4 .<br />

Avec la « Bataille de Morsang », Jarry montre comment l’on peut s’augmenter et s’armer<br />

littéralement de toute la virtualité d’un mot (en l’occurrence « Morsang », pouvant se décomposer<br />

en « mor[t] » et « sang »).<br />

Si Péladan fait d’un prêtre le héros du premier volume de La Décadence Latine, c’est parce<br />

qu’ainsi il peut faire du livre le réceptacle de la parole religieuse, les sermons constituant les<br />

principaux traits de l’intrigue, si l’on peut dire. On pourrait aller jusqu’à affirmer que chaque<br />

roman de Péladan est l’occasion d’une cérémonie spéciale où la force du Verbe est exaltée, où<br />

celui-ci est magnifié, quelles que fussent les intrigues et les péripéties mentales des personnages.<br />

Provoquant l’écart, définitif, opéré face au monde 5 , Péladan réclame de l’homme qu’il<br />

devienne « impersonnel », afin de pouvoir « frappe[r] l’être et l’événement à l’effigie d’une idée 6 »,<br />

une « idée fixe », dont l’homme doit savoir s’ « arm[er] 7 ». Mais cet arrachement à la réalité n’en<br />

est pas un. En se détachant du « vulgairement dénommé réel », Jarry et Péladan se rapprochent de<br />

« cela seul » qui est « véritablement réel » : « la Forme ou Idée en son existence indépendante 8 ».<br />

Aussi, le retrait cultivé face à la vie, loin d’éloigner de cette dernière, permet paradoxalement<br />

de s’en rapprocher, de côtoyer son essence. Car, pour Péladan, la vie émane de l’idée et du verbe<br />

1<br />

Péladan, La Décadence latine, éthopée [V], Istar, op. cit., p. 50.<br />

2<br />

Id., p. 51.<br />

3<br />

Péladan, La Décadence latine, éthopée [IV], À cœur perdu, op. cit., p. 271.<br />

4<br />

Ibid.<br />

5<br />

L’auteur de La Décadence latine écrit par exemple dans À cœur perdu : « Ainsi, humanité pitoyable<br />

et sinistre, je dresse loin de toi, vers la rosée du ciel, mon cerveau, ce calice, où pistille l’or pur des<br />

idées absolues » (Id., p. 61).<br />

6<br />

Péladan, La Décadence latine, éthopée [IX], La Gynandre, op. cit., p. 312.<br />

7<br />

Péladan, La Décadence latine, éthopée [IV], À cœur perdu, op. cit., p. 9.<br />

8 OC I, p. 1003.<br />

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