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affirmer avec certitude que le choix de Jarry est ancien, c’est parce qu’il utilise « spermatozoaire »<br />

dès l’écriture des Minutes, au sein des « Paralipomènes » : « […] pend le nerf optique comme la<br />

queue d’un spermatozoaire. 1 » Jarry prouve, une fois de plus, qu’il n’y a selon lui que la lettre qui<br />

soit littérature.<br />

26. Jarry s’inspire précisément de ces deux passages (nous soulignons) : « […] M. Delbeuf, au<br />

cours d’une remarquable étude […], nous y retrouvons en effet « le besoin inconscient d’engendrer<br />

un enfant ». Toutefois, n’est-ce plus ici l’Inconscient aux allures mystérieuses que von Hartmann<br />

invoque pour la constitution d’un produit idéal, mais « le choix intelligent, dicté par le spermatozoïde<br />

et l’ovule 2 » ; l’homme et « cette jeune fille obéissent à la volonté, chez l’un et l’autre obscure, d’un spermatozoïde,<br />

d’un ovule. 3 »<br />

27. Jarry fait allusion ici au Surmâle. Il s’est en effet très vraisemblablement inspiré de l’ouvrage<br />

de Danville pour l’écriture de ce « roman moderne ».<br />

La seconde édition revue de La Psychologie de l’amour paraît en 1900 (voir la note 2) chez Alcan<br />

et Jarry achève le manuscrit du Surmâle, si l’on en croit son annotation, le 18 décembre 1901.<br />

En outre, Jarry, qui était lié à Danville, a très bien pu découvrir cet ouvrage dès sa parution<br />

initiale chez le même éditeur en 1894, laquelle édition contient également les formulations qui ont<br />

inspiré Jarry.<br />

Tout le passage que nous allons citer extrait du chapitre intitulé « L’ovule » du Surmâle est<br />

semblable à une forme d’excroissance poétique et pseudo-scientifique du fragment suivant de<br />

l’article de Delbeuf intitulé « Pourquoi mourons-nous ? » paru dans la Revue philosophique de mars<br />

1891, fragment que cite Danville dans son ouvrage : « Considérons […] de haut l’espèce<br />

humaine […]. Voici, d’un côté, des milliers de jeunes gens en quête d’une femme ; de l’autre, des<br />

milliers de jeunes filles en quête d’un mari. Ils se coudoient dans la rue, se pressent dans les<br />

salons, s’enlacent dans les bals et de tous ces contacts que le hasard amène, une seul suffit à les<br />

enflammer. Pourquoi ? Que sont la sympathie et l’antipathie ? Qu’est-ce qui sollicite cette jeune<br />

fille à attirer ce jeune homme et qu’est-ce qui le précipite vers elle ? […] ce jeune homme, cette<br />

jeune fille obéissent à la volonté, chez l’un et l’autre obscure, d’un spermatozoïde, d’un ovule.<br />

Mais, tenez-le pour certain, cette volonté n’est pas obscure dans le spermatozoïde ni dans l’ovule,<br />

ces stylonichies des animaux supérieurs. Ils savent tous deux ce qui leur manque, et ils le<br />

cherchent. À cet effet, ils donnent leurs ordres à leur cerveau respectif, par l’intermédiaire du<br />

cœur, et le cerveau obéit sans savoir pourquoi. Quelquefois, il se figure avoir raisonné et<br />

1 OC I, p. 235.<br />

2 Gaston Danville, op. cit., p. 48.<br />

3 Id., p. 49.<br />

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