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pendant cette action, « à la main » (Le Matin, 14 avril 1901, « Crime audacieux ») avec « les débris<br />

de verre », comme le précise Le Petit Parisien (même jour).<br />

13. Jarry s’inspire précisément, là encore, de L’Écho de Paris dans son article paru le 14 avril 1901<br />

(nous soulignons) : « Le vase de bronze auquel des cheveux étaient collés fut aussi ramassé par les<br />

magistrats et le tout emporté comme pièces à conviction. »<br />

Le Petit Parisien le même jour mentionne également cet objet, mais d’une façon différente, ce<br />

qui permet de mesurer encore à quel point L’Écho de Paris a pu en ce qui concerne l’écriture de<br />

cette chronique influencer Jarry : « […] un petit vase de cuivre rouge avait été utilisé par le<br />

meurtrier pour assommer sa victime […] ».<br />

Observons que Jarry renverse l’ordre chronologique des faits, si l’on en croit le quotidien Le<br />

Temps du même jour : « D’une main, l’homme la prit à la gorge ; de l’autre, il leva sur elle une<br />

sorte d’objet long, blanc et flexible, a-t-elle déclaré ensuite [c’est ainsi qu’est décrit le vase], et lui<br />

asséna plusieurs coups sur la tête. Comme elle se renversait sur son oreiller, en criant au secours,<br />

l’individu saisit un verre épais qui se trouvait sur la table de nuit, la frappa au front. »<br />

La violence exprimée au moyen du « verre meurtrier » puis de la « potiche » n’est pas dirigée<br />

contre autrui mais contre soi-même. Elle suppose alors, s’exprimant dans un raffinement<br />

rappelant le propos de l’ouvrage de De Quincey, une jouissance de l’homme à éprouver le mal<br />

dans sa chair qui va au-delà du masochisme, celle-ci montrant à quel point l’être cherche à faire<br />

de son propre corps le laboratoire intime de l’efflorescence d’une morbidité qui n’est pas sans<br />

rappeler les raffinements propres à la fin-de-siècle (voir la note 12).<br />

14. Le Matin du 14 avril 1901 écrit, précisant l’évocation (nous soulignons) : « Mlle Kolb avait<br />

reçu hier soir la visite de M. le docteur Schlumberger qui l’avait quittée seulement à minuit. Vers<br />

trois heures du matin, elle entendit un léger bruit. Elle tourna aussitôt le bouton électrique qui se<br />

trouvait à la tête de son lit, et une vive lumière éclaira la pièce. À peine avait-elle eu le temps de se<br />

mettre sur son séant qu’un individu s’élançait sur elle et la frappait violemment à la tête. Elle<br />

retombait sur sa couche, à demi assommée. »<br />

Le Temps du 26 avril 1901 restitue quant à lui ces propos de l’agresseur (nous soulignons) :<br />

« Dès les premiers pas j’ai heurté dans l’obscurité un meuble. Le bruit éveilla Mme Kolb qui fit<br />

jaillir aussitôt la lumière électrique et sauta à bas du lit. »<br />

15. Jarry fait allusion à l’article paru dans Le Matin le 21 avril 1901 : « S’appelle-t-il Henry<br />

Gilmour ? […] Le nom de Gilmour n’est autre que celui sous lequel le meurtrier a été condamné<br />

la première fois en Australie. C’est donc avec raison que l’assassin a déclaré ne pouvoir dire si<br />

Gilmour était exactement son nom plutôt que celui de Smith. »<br />

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