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cessera de décliner, y compris dans sa vie même, dans la façon qu’il aura d’être dévoré au<br />

quotidien par le masque d’Ubu, en séparant toujours la tête (principe de pureté : « la tête humaine,<br />

c’est-à-dire la plus noble partie de notre corps 1 » écrit Fechner, auteur dont Jarry s’inspire<br />

beaucoup, ainsi que nous allons le voir) du reste du corps (« je soutiens qu’une tête n’est une tête<br />

que séparée de son corps 2 », est-il énoncé dans Faustroll), la tête ne pouvant être soumise à aucun<br />

principe corporel, c’est-à-dire d’impureté (Ubu n’étant en définitive qu’un corps, qu’un ventre<br />

sphérique), d’intimité, en lien, d’une façon ou d’une autre, avec l’éphémère, puisqu’elle apparaît<br />

logiquement, étant toujours perçue par Jarry tel un astre 3 , comme le siège du corps astral, puisque<br />

ce dernier est nommé par Papus : « l’astre de l’homme 4 », du fait en premier lieu du principe de<br />

conformité édicté par Fechner entre les yeux et le soleil : « La sphère est la forme parfaite. Le<br />

soleil est l’astre parfait. En nous rien n’est si parfait que la tête, toujours vers le soleil levée, et<br />

tendant vers sa forme ; sinon l’œil, miroir de cet astre et semblable à lui 5 » écrit Jarry dans « L’art<br />

et la science », sous l’impulsion de la pensée de Fechner : « Que le soleil ait essentiellement la<br />

puissance de produire des formes sphériques, c’est [...] ce que prouve la tête humaine, qui est à la<br />

fois plus constamment tournée vers le soleil et plus arrondie ; c’est ce que prouve encore notre<br />

œil, qui est en relation plus spéciale avec cet astre 6 ».<br />

Jarry retient déjà cette précision dans « Au repaire des Géants » présent au sein des<br />

« Tapisseries » (Les Minutes) que nous avons analysées, écrivant : « J’ai vu – j’ai vu luire leurs yeux<br />

/ D’or comme l’or de deux essieux ». Les yeux sont d’or du fait de la lumière à laquelle ils sont<br />

inéluctablement rattachés (Fechner, découvert par Jarry dans Le Magasin pittoresque 7 , écrit : « le plus<br />

bel organe de l’homme est une sphère qui se nourrit de lumière 8 »), la présence du soleil étant<br />

indéfectiblement reliée à celle de l’or, topos du mysticisme que l’on retrouve chez Lévi et que<br />

développe Jarry au sein de Faustroll notamment.<br />

Si le soleil renvoie à l’or, ce n’est pas uniquement du fait de sa couleur, cela a également trait<br />

au principe de perfection que l’un et l’autre sont censés incarner. L’or renvoie évidemment à la<br />

1<br />

Fechner, « Anatomie comparée des anges » [paru initialement dans le tome XXIV du Magasin<br />

pittoresque (1856)], Julien Schuh, « Jarry et Le Magasin pittoresque, une érudition familière », L’Étoile-<br />

Absinthe, tournées 123-124, Paris / Tusson, Société des amis d’Alfred Jarry / Du Lérot, 2010, p.<br />

121.<br />

2<br />

Bouquin, p. 516.<br />

3<br />

Voir le début de L’Amour absolu par exemple.<br />

4<br />

Papus, cité par Edmond Pilon (Le Mercure de France, op. cit.).<br />

5<br />

OC I, p. 188.<br />

6<br />

Fechner, op. cit., p. 123.<br />

7<br />

Comme l’a montré Julien Schuh : voir Julien Schuh, « Jarry et Le Magasin pittoresque, une<br />

érudition familière », « Filiger – présentation d’Ubu Roi – Les Jours et les Nuits », L’Étoile-Absinthe,<br />

tournées 123-124, Paris / Tusson, Société des amis d’Alfred Jarry / Du Lérot, 2010, p. 110-113.<br />

8<br />

Fechner, op. cit., p. 120.<br />

198

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