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faire en sorte que les enfants aillent vers eux sans crainte, cette possibilité de rapprochement et<br />

d’une vision qui se veuille le prolongement d’une sensibilité étant offerte aux « petits enfants »<br />

parce qu’ils sont sans aprioris, c’est-à-dire « sans haine et sans futile crainte 1 » : « [i]ls ne sont pas<br />

méchants, les Pauvres, ils ne sont pas vils. Je les ai fréquentés, je les ai bien connus. 2 »<br />

Cette connaissance n’est nullement théorique car sa seule visée est de permettre l’irruption<br />

d’un amour : « […] c’est pour que vous les aimiez comme je les aime que j’ai écrit ces contes, que<br />

je vous offre. 3 »<br />

Une fois établie, cette proximité aura néanmoins une visée didactique, morale : « […] allez<br />

aux Pauvres : vous sentirez davantage la grande âme humaine que le Destin a fait s’épanouir sur<br />

le monde, comme la nuit, quand il est triste et noir, on entend mieux l’Univers. 4 »<br />

Aussi Jarry renverse-t-il le sens du propos de Demolder puisque ce dernier recherche une<br />

proximité intense entre le cœur des enfants et celui des pauvres mais ne la considère jamais<br />

comme une réalité autrement que rêvée et poursuivie au travers de la déclinaison du pathétique<br />

qui se fait jour constamment dans Le Cœur des Pauvres par le biais de la narrativité.<br />

Remarquons que Rachilde met déjà en avant implicitement cette visée didactique et morale<br />

de l’écriture de Demolder pour la jeunesse dans Le Mercure de France de février 1897. Parlant de<br />

ses livres, elle écrit : « Ah ! si beaucoup de gamins pouvaient dévorer ces bonnes galettes de<br />

Noël… de Noël béni qui passe si vite, ils feraient, peut-être, des hommes moins bêtes plus<br />

tard ! 5 ».<br />

4.<br />

— La « science de la peinture » de Demolder.<br />

Le même jour que le compte rendu de Jarry paraît celui de Rachilde du même livre de<br />

Demolder dans son habituelle rubrique « Les Romans », au sein du numéro de juin 1901 du<br />

Mercure de France.<br />

Étant donné l’échange constant qui avait lieu entre Jarry et Rachilde, il est tout à fait possible<br />

que celle-ci ait fait lire à Jarry sa critique avant publication. Remarquons ainsi que Rachilde<br />

évoque également l’érudition de Demolder : « Demolder est un […] érudit […] 6 ».<br />

Jarry synthétise en outre par cette formulation le développement d’Henri Degron au sujet de<br />

l’œuvre de Demolder dans La Plume en 1900, développement dont il se souvenait peut-être, étant<br />

1 Id., p. 12.<br />

2 Id., p. 13.<br />

3 Ibid.<br />

4 Id., p. 12.<br />

5 Le Mercure de France, op. cit., p. 389.<br />

6 Le Mercure de France, n° 136-138, tome XXXVIII, avril-juin 1901, p. 751.<br />

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