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l’éphémère dans ses conditions d’apparition qui impliquent la possibilité d’un certain laisser-aller<br />

par opposition aux exigences relatives à l’œuvre publiée en volume, et étant soumis à la rapidité<br />

dans son écriture, ce qui induit également le risque de ce laisser-aller, la périodicité seule du<br />

compte rendu, son retour incessant légitimant son écriture dans le sens où c’est elle seule qui<br />

permet de transformer cette discipline en véritable travail alimentaire et, en l’occurrence, en un<br />

travail pouvant assurer (du moins momentanément) la survie de Jarry.<br />

Et, de fait, Jarry compte très notablement pendant la période où il participe à La Revue blanche<br />

comme l’un de ses « principaux chroniqueurs 1 », ainsi que le remarque Paul-Henri Bourrelier ;<br />

rien qu’en terme de critique littéraire, « avec […] trente huit » livraisons, « Jarry signe […]<br />

soixante quinze » chroniques 2 ; mais il tiendra également, comme le spécifie Maurice Saillet, « la<br />

chronique des théâtres dans les huit dernières livraisons de la revue. 3 »<br />

Cette périodicité « impose un rythme de pensée et de création qui n’est pas celui du<br />

livre. L’un des effets possibles de ce paramètre est d’entraîner » Jarry, qui œuvre d’abord au sein<br />

de La Revue blanche, à certains égards, en tant que philosophe déployant la ’Pataphysique, « à<br />

suivre de près l’actualité scientifique, politique, ou artistique, à confronter ses conceptions à un<br />

réel mouvant. Le philosophe endosse alors une posture qui tranche avec l’image traditionnelle : il<br />

quitte la sphère intemporelle des idéalités et consent, au moins provisoirement, à l’imprévisible,<br />

au contingent, au fugace, à l’inachevé 4 » : en témoigne la « Revue des plus récents événements<br />

politiques, littéraires, artistiques, coloniaux, par-devant le père Ubu 5 » de l’Almanach du Père Ubu<br />

pour le XX° siècle qui apparaît comme la syn<strong>thèse</strong> du travail effectué par Jarry au sein de La Revue<br />

blanche dans ses comptes rendus.<br />

Le fait pour Jarry « de rédiger des articles ou des comptes rendus, de réagir à l’actualité, de<br />

répondre à des enquêtes, l’engage dans une voie excentrée par rapport à la pratique canonique de<br />

l’écriture livresque 6 ». L’œuvre ne répondant plus à cette « pratique canonique de l’écriture<br />

livresque », peut-on encore parler d’œuvre ?<br />

Si œuvre mineure il y a, c’est ainsi la résultante du fait semble-t-il que, comme Mallarmé,<br />

l’auteur de La Chandelle verte ait « varié les postures d’énonciation, occupant singulièrement toutes<br />

sortes de places singulières, situé dans des configurations diverses et pris nécessairement dans le<br />

1<br />

BOURRELIER, p. 996.<br />

2<br />

Ibid.<br />

3<br />

Alfred Jarry, La Chandelle Verte, lumières sur les choses de ce temps, op. cit., p. 18.<br />

4<br />

Laurent Fedi, « Les pratiques de pensée à l’œuvre dans les revues philosophiques et généralistes,<br />

des années 1870 à 1900 », Dir. Marie-Eve Thérenty et Alain Vaillant, Presse et plumes, Journalisme et<br />

littérature au XIX° siècle, Nouveau monde éditions, collection Culture-médias, Études de presse,<br />

2004, p. 294.<br />

5<br />

OC II, p. 603.<br />

6 Laurent Fedi, op. cit.<br />

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