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lumineuses est le mouvement de cette gelée élastique, avec une balle de bois flottant au milieu<br />

d’elle 1 », note quant à lui Lord Kelvin.<br />

Si, ajoute De Salisbury, « [p]ersonne ne sait » effectivement « si, en dehors de l’effort constaté<br />

par le mouvement de ses ondes, la matière produit quelque effet sur l’éther ou si l’éther est<br />

influencé d’une façon quelconque par elle 2 », cette hypo<strong>thèse</strong> demeure à cette époque très<br />

probable, et les férus de spiritisme, de magisme comme Lévi pour lesquels Jarry avait un intérêt<br />

certain s’engouffrent à loisir dans cette brèche ouverte par la communauté scientifique afin de<br />

transformer une simple hypo<strong>thèse</strong> en fait avéré, en déduisant que chaque acte, et même chaque<br />

pensée peuvent modifier l’univers, en jouant sur les ondulations de l’éther qui, parce qu’il<br />

emprisonne l’ensemble de la mécanique céleste dans son immatériel tissu (il « remplit tout<br />

l’espace jusqu’à l’étoile la plus éloignée 3 », écrit Lord Kelvin), peut ainsi, en toute logique,<br />

changer, même si c’est à un niveau infinitésimal que l’homme ne peut percevoir et qui n’a aucun<br />

effet sensible sur le cours des choses, l’ensemble de la structure de l’univers.<br />

L’homme, en agissant, même à un degré infime, sur l’éther, agit ainsi potentiellement sur le<br />

monde, d’autant plus qu’il demeure le centre de celui-ci, ainsi que l’idéalisme prôné par Remy de<br />

Gourmont l’assène et ainsi déjà que le proclamait Bergson dans ses cours notés avec soin par<br />

Jarry : « Je suis en ce sens le centre de l’univers, et même l’univers tout entier, puisque je ne<br />

conçois pas comment l’univers subsisterait une fois ma conscience abolie 4 », – ce qui lui donne,<br />

aux yeux de Jarry, les caractéristiques de Dieu.<br />

— S’attribuer le mérite des événements.<br />

Si dans Les Jours et les Nuits, Jarry note, ainsi que nous l’avons déjà souligné : « [l]e monde<br />

n’était qu’un immense bateau, avec Sengle au gouvernail ... avec les Choses, qu’il était accoutumé à<br />

diriger avec sa pensée », Tristan Bernard dans Mémoires d’un jeune homme rangé (éditions de la Revue<br />

blanche, 1899) développera exactement la même idée : « [i]l n’hésitait pas à s’attribuer le mérite de<br />

la marche rapide des événements et méconnaissait froidement le rôle du hasard 5 ».<br />

Il s’agit ainsi, en outre, pour Jarry et pour un certain nombre de ses contemporains, de<br />

renverser le principe premier de la science qui est, comme le résume Léon Walras, d’<br />

« « observe[r], expose[r], explique[r] » parce qu’elle a pour objet des faits qui ont leur origine dans<br />

1 Sir William Thomson, op. cit.<br />

2 Marquis de Salisbury, op. cit.<br />

3 Sir William Thomson, op. cit., p. 239.<br />

4 Cours Bergson, Cahier C, Ms 21132-B’-I-13 (4/6), Fonds Jacques Doucet, p. 19.<br />

5 Tristan Bernard, Un jeune homme rangé, Romans, Chroniques, Théâtre, préface de José Artur, repères<br />

biographiques établis par Bertrand Lebert, Le Grand livre du mois, 1994, p. 19.<br />

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