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orthographique, qui n’ont guère changé en 1900, dans Le Mercure de France de septembre 1893, au<br />

sein d’un article intitulé « La réforme orthographique » : « [p]ar cet admirable progrès […], la<br />

jouissance du verbe pur va devenir […] le partage d’un petit nombre d’initiés » car « il ne convient<br />

plus d’obliger la masse aux tortures d’une éducation littéraire. 1 »<br />

« Il est sot, dira le peuple, de peiner pour apprendre la règle des participes et une<br />

orthographe démodé [sic], lorsque la vie est si courte et qu’il est si difficile de la vivre. […] Il est<br />

beau, dira le poète », et Jarry, à la suite de Mallarmé, se situe résolument dans ce rang, « d’habiter<br />

le temple saint du langage que nos pères ont orné et que nos pères ont glorifié. Il est beau, à<br />

travers les âges, de conserver l’intégrité du verbe et de travailler pour le connaître. 2 »<br />

Mais le poète, conclut Minhar, « conservera une tendresse infinie pour les pauvres<br />

d’orthographe, se souvenant du temps où la même langue était commune à tous, où de belles<br />

phrases étaient connues d’un grand nombre. 3 »<br />

Rimbaud écrit ainsi dans « Alchimie du verbe » (« Délires », Une Saisons en enfer) :<br />

« J’aimais [...] la littérature démodée, latin d’église, livres érotiques sans orthographe [...] 4 ».<br />

3. Ces trois citations sont exactes 5 . Jarry respecte scrupuleusement l’orthographe employée par<br />

Barés.<br />

L’uniformisation, s’établissant suivant l’application des « principes » édictés par Barés, qui<br />

« plus tard pourront être complètement dévelopés », a pour but de débarrasser « notre ortografe<br />

et notre sintaxe du fatras de lètres inutiles et de règles arbitraires qui les rendent si dificiles ».<br />

Reproduisant textuellement le propos de Barés, Jarry, donnant corps à cette remarque<br />

d’Alcanter de Brahm dans sa Notule touchant le point d’Ironie (qu’il connaissait ainsi peut-être déjà en<br />

octobre 1900 : Jarry y fait référence dans sa chronique « Points d’interview » insérée dans La<br />

Revue blanche du 15 février 1901) : « [j]e ne conçois nullement l’utilité d’augmenter les difficultés si<br />

nombreuses déjà, dont se complique plus qu’à souhait la langue française 6 », montre que le<br />

système adopté par Barés complexifie – a contrario de l’ambition qu’il affiche et avec laquelle il<br />

cherche à se confondre entièrement (sa raison d’être modelant jusqu’à sa forme ; voir la note 2) –<br />

inutilement la langue, quand bien même Barés affirme dans L’Ortografe Simplifiée et autres réformes<br />

nécessaires : « [...] je pense aujourdui que notre ortografe ne doit être simplifiée que graduèlement,<br />

pour habituer insensiblement l’œil du lecteur au chanjement de fizionomie des mots. C’est pour<br />

1<br />

Le Mercure de France, n° 45-48, tome IX, septembre-décembre 1893, p. 2-3.<br />

2<br />

Id., p. 4.<br />

3<br />

Ibid.<br />

4<br />

Arthur Rimbaud, Œuvres complètes, édition établie présentée et annotée par Antoine Adam,<br />

Gallimard, collection Bibliothèque de la Pléiade, 1972, p. 106.<br />

5<br />

Voir Jean S. Barés, op. cit., p. 7.<br />

6<br />

Alcanter de Brahm, Notule touchant le point d’Ironie, Éditions du Fourneau, 1987, p. 1.<br />

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