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(lesquelles renvoient ainsi aux palotins avec « leur tronc annelé de chenille 1 »), sur le bord<br />

inférieur du tableau (le regard de Jarry spontanément cherche à s’approprier les bordures, ce qui a<br />

trait à l’encadrement, comme c’est le cas concernant l’œuvre de Filiger : « je découpe deux<br />

morceaux au hasard de l’encadrement, car on sait que Filiger, œuvres assez reconnaissables, les<br />

aime signer en plus sur la bordure 2 »), lui fassent immédiatement songer à des monères<br />

(l’appellation prime ainsi sur l’assimilation), qui sont loin, organismes simplifiés entre tous, de<br />

posséder cette structure organique.<br />

Leur caractère infime est à l’exact opposé de la grandeur de l’intérêt que représente une telle<br />

découverte pour le milieu scientifique. Emile Janvion résume ainsi dans Le Dogme et la Science :<br />

« La science poussant toujours plus avant ses interrogations est remontée jusqu’à des formes<br />

animées encore plus inférieures et nouvellement découvertes, qui se présentent non sous l’aspect<br />

de cellules ou de formations celluleuses mais sous celui d’amas globuleux composés […] d’un<br />

agrégat de viscosités albumineuses. C’est à ces êtres primordiaux si simples, qui ne sont que des<br />

fragments vivants du protoplasma sans organisation, à ces « organismes sans organes » tenant le<br />

milieu entre les substances organisées et les corps bruts que Haeckel a donné le nom de Monères<br />

(du grec Monères, simple). […] Les monères sont les organismes les plus rudimentaires […] 3 ».<br />

Tous les scientifiques reviennent sur cette parfaite simplicité qui les caractérise : « [l]es<br />

animaux placés au plus bas de l’échelle des organismes » sont les « monères […] 4 », écrit par<br />

exemple Joseph Delbœuf. Les scientifiques seuls ? Non, certains littérateurs également, quand<br />

bien même ils sont, comme Schwob, éminemment érudits : « les monères qui sont les plus<br />

simples des êtres faits de protoplasma 5 », écrit ainsi l’auteur de Vies imaginaires.<br />

Cette simplicité tient au fait que ces organismes consistent uniquement « en<br />

protoplasmes 6 », « [l]eur corps, constitué simplement par une petite-masse de substance<br />

albuminoïde, homogène 7 », peut de ce fait « représenter l’élément le plus simple, le plus primitif<br />

aussi bien des plastides animaux que des plastides végétaux. 8 »<br />

1 Id., p. 184.<br />

2 Id., p. 1027.<br />

3 Emile Janvion, Le Dogme et la Science, En vente au Journal Le Libertaire, p. 36.<br />

4 Joseph Delbœuf, Le Sommeil et les rêves, Le Magnétisme animal, Quelques considérations sur la psychologie<br />

de l’hypnotisme, Fayard, collection Corpus des œuvres de Philosophie en langue française, 1993, p.<br />

181.<br />

5 Marcel Schwob, Le roi au masque d’or, Œuvres, texte établi et présenté par Sylvain Goudemare,<br />

Phébus, collection libretto, 2002, p. 240-241.<br />

6 Emile Janvion, Le Dogme et la Science, En vente au Journal Le Libertaire, p. 36.<br />

7 Ernest Haeckel, Histoire de la création des êtres organisés d’après les lois naturelles, traduction de Ch.<br />

Letourneau, introduction biographique de Charles Martins, deuxième édition, C. Reinwald et Cie,<br />

1877, p. 375.<br />

8 Ibid.<br />

372

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