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Ce livre a eu une importance notable pour Jarry car, outre la façon dont il lui rend hommage<br />

à travers l’écriture de Faustroll, de façon très détournée, l’on peut noter qu’il revient sur cette<br />

œuvre dans la lettre qu’il adresse à Rachilde le 14 novembre 1898 1 , de façon également<br />

extrêmement allusive, au sujet des Contes de la décadence romaine de Richepin (1898), montrant que<br />

son souvenir de lecture de l’ouvrage de Schwob, remontant probablement à deux ans, dès la<br />

parution de Vies imaginaires, est encore très vif : « le Richepin […] pastiche romainement des<br />

choses grecques ou universelles de Schwob ».<br />

Faisant réponse notamment à la méthodologie littéraire et érudite de Schwob dont la vie<br />

imaginaire d’ « Empédocle, dieu supposé » donne une très bonne illustration 2 (« Personne ne sait<br />

quelle fut sa naissance, ni comment il vint sur terre. Il apparut près des rives dorées du fleuve<br />

Acragas, dans la belle cité d’Agrigente, un peu après le temps où Xerxès fit frapper la mer de<br />

chaînes. La tradition rapporte seulement que son aïeul se nommait Empédocle : aucun ne le<br />

connut. Sans doute, il faut entendre par là qu’il était fils de lui-même, ainsi qu’il convient à un<br />

Dieu. Mais ses disciples assurent qu’avant de parcourir dans sa gloire les campagnes de Sicile, il<br />

avait déjà passé quatre existences dans notre monde, et qu’il avait été plante, poisson, oiseau et<br />

jeune fille. Il portait un manteau de pourpre sur lequel retombaient ses longs cheveux ; il avait<br />

autour de la tête une bande d’or, aux pieds des sandales d’airain, et il tenait des guirlandes tressées<br />

de laine et de lauriers 3 »), Richepin cherche notamment à « conter » en « une prose aux cadences<br />

latines » l’histoire du triomphe qui fut accordé à « Lucius Valérius, surnommé Pudens », quand<br />

« Marcus Mummius était préfet du prétoire, sous l’empereur Trajan, dans la cité d’Hisconium »,<br />

afin de « rendre à ce confrère du temps passé un peu de sa gloire abolie 4 », ou à composer la vie<br />

imaginaire d’une mime : « Tout ce que je sais d’elle, en vérité, et tout ce que peuvent en savoir les<br />

savants qui en savent le plus, et tout ce qui leur sera permis d’en jamais savoir, même au prix des<br />

plus ingénieuses et des plus patientes recherches, c’est qu’elle était mime, qu’elle parut deux fois<br />

en public […] 5 ». « Il est loisible de supposer qu’elle fut une mime tragique, au masque impérial, à<br />

l’allure de déesse, aux grands gestes larges évoquant les sanglantes horreurs des familles fatales et<br />

les enveloppant de ce voile de beauté qui, dans la statuaire antique, revêt la douleur et l’atrocité<br />

elles-mêmes de splendeur et d’eurythmie. […] Et c’est une hypo<strong>thèse</strong> raisonnable […] que de se<br />

la figurer [également] en mime lascive, en une de celles qui, par leurs regards mouillés et<br />

languides, leurs bras ouverts aux étreintes, leur ventre frissonnant et leur croupe tumultueuse,<br />

1<br />

Voir OC I, p. 1069.<br />

2<br />

Voir Schwob, op. cit., p. 517-520.<br />

3<br />

Id., p. 517.<br />

4<br />

Jean Richepin, Contes de la décadence romaine, Bibliothèque-Charpentier, Fasquelle, 1898, p. 15.<br />

5 Id., p. 3.<br />

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