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obtiennent carte blanche pour pratiquer le jeu de massacre. 1 » En quoi consiste précisément ce<br />

jeu de massacre ?<br />

« Les textes de Bernard et de Veber visent toutes les cibles par des parodies multiformes :<br />

rubriques des journaux, textes littéraires, discours, programmes électoraux, annonces<br />

publicitaires, annonces d’inventions, etc. 2 » « Le Chasseur s’emplo[ie] à dénoncer les manies de<br />

l’époque, à rabaisser les notoriétés, à dégonfler les formes de style sérieux en recourant à des<br />

pastiches et des portraits 3 », et ce « conformément au programme 4 » annoncé en janvier 1893 :<br />

« « Le Chasseur de Chevelures », journal d’informations, est le seulde ses confrères qui puisse<br />

fournir, quels que soient la température et l’état des esprits, des faits-divers intéressants, des<br />

écrasements de personnages haut placés et des drames passionnels d’une bonne complication 5 ».<br />

L’on voit à quel point la pensée de Jarry, toujours extrêmement corrosive (quant au<br />

féminisme, à la démocratisation galopante etc., et, contrairement à toute vraisemblance, jusqu’en<br />

ce qui concerne le visage humain que peut prendre la magistrature au travers de la figure du « bon<br />

juge » Magnaud), a pu entretenir des liens assez étroits avec ce supplément humoristique, au point<br />

de possiblement s’en inspirer. Comme l’écrivent Géraldi Leroy et Julie Bertrand-Sabiani, l’on<br />

« comprend que La Revue blanche se soit attaché[e] la collaboration d’Alfred Jarry. Mêlée à la<br />

volonté d’être à la pointe de l’actualité, cette veine humoristique exprime un certain esprit « fin de<br />

siècle » fait de gouaille, d’impertinence, de scepticisme, voire de cynisme. 6 » Et il est vrai que l’on<br />

voit difficilement comment Jarry aurait pu publier des textes comme ce compte rendu de<br />

l’ouvrage de Dubois-Desaulle au sein du Mercure de France.<br />

— L’humour jarryque n’est pas sa propre finalité.<br />

Mais chez Jarry l’humour n’est jamais sa propre finalité : il ne s’agit jamais de chercher<br />

uniquement à faire se cristalliser l’impertinence en la posture sémantique et stylistique d’un<br />

énoncé. Pour reprendre la formulation de Jean-Pierre Bertrand, Michel Biron, Jacques Dubois et<br />

Jeannine Paque dans Le roman célibataire, d’À rebours à Paludes, l’humour joue bien « un rôle<br />

crucial 7 ». Il « autorise 1 » Jarry, « par ses pirouettes et ses artifices 2 », à tenir un propos<br />

1<br />

BOURRELIER, p. 460.<br />

2<br />

Id., p. 467.<br />

3<br />

LEROY BERTRAND-SABIANI, op. cit.<br />

4<br />

Ibid.<br />

5<br />

La Revue blanche, tome 4, janvier-juin 1893, p. 66.<br />

6<br />

LEROY BERTRAND-SABIANI, p. 212.<br />

7<br />

Jean-Pierre Bertrand, Michel Biron, Jacques Dubois, Jeannine Paque, Le roman célibataire, d’À<br />

rebours à Paludes, José Corti, 1996, p. 222.<br />

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