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et il faut interroger plus avant cet irrésistible attrait afin de comprendre comment peut se<br />

modaliser le discours critique de Jarry en lien avec la picturalité, jusque dans les comptes rendus<br />

d’ouvrages n’ayant pas lien direct avec elle.<br />

Jarry s’est toujours passionné pour la picturalité, passion qui fut surtout sensible au<br />

commencement de sa carrière littéraire, mais qui apparaîtra de flagrante façon jusque dans<br />

Faustroll.<br />

Cet intérêt très fortement marqué et déployé au commencement de l’œuvre de Jarry fut lié,<br />

très vraisemblablement, à la figure de Fargue (alors gémellaire), du moins dans son éclosion. Il<br />

s’est décliné sous plusieurs aspects.<br />

En premier lieu, il s’agit d’une pratique commune aux deux auteurs : « dans sa jeunesse »,<br />

écrit Jean-Paul Goujon, « Fargue fut très tenté par la peinture et le dessin, art qu’il pratiqua<br />

longuement et ne délaissera jamais totalement dans son âge mûr 1 ».<br />

En second lieu, il s’agit de visites incessantes d’expositions effectuées par les deux jeunes<br />

hommes, assorties de comptes rendus publiés, prolongement autant que légitimation à chaque<br />

fois de l’acte de visiter (car il s’agit bien, avant tout, pour Jarry et Fargue, de faire carrière dans le<br />

monde des lettres, l’art pictural demeurant, bien que non entièrement, un levier, un moyen<br />

d’accès aux revues, la critique d’art faisant alors florès) : « Stimulé par sa pratique de la peinture en<br />

Bretagne, Fargue voulut s’essayer à la critique d’art. Dès son retour à Paris, il se mit à fréquenter<br />

assidûment les galeries et les expositions, et à resserrer ses liens avec de jeunes peintres. Fin 1893<br />

et début 1894, nous le voyons donner à L’Art littéraire des articles et des notes d’art. 2 »<br />

Cet intérêt culminera d’abord avec un projet d’album d’images d’Épinal mis en place à la fin<br />

« du printemps ou au tout début de l’été 1894 », « que Fargue devait préparer avec Jarry et<br />

qu’aurait préfacé Remy de Gourmont 3 », projet qui n’aboutira pas mais qui sera remplacé par un<br />

autre, beaucoup plus durable et porteur pour l’auteur des Minutes, la création de L’Ymagier par<br />

Jarry (prenant la place qui aurait vraisemblablement été celle d’Aurier) et Gourmont, sans Fargue<br />

cette fois, revue où est donnée (où cherche à être redonnée) toute leur place aux images, et qui<br />

marque en outre avec force l’appartenance de Jarry au Mercure de France, qui redouble en quelque<br />

sorte de visible façon cette appartenance, dans l’exact même mouvement que celui instauré par la<br />

dédicace éclatante de « Haldernablou », Gourmont étant l’une des figures les plus notoires et les<br />

plus déterminantes de cette citadelle du symbolisme.<br />

1 L’Étoile-Absinthe, 43°, 44° et 45° tournées, Castelnau de Montmiral, Société des amis d’Alfred<br />

Jarry, 1989, p. 40.<br />

2 Id., p. 42.<br />

3 Id., p. 40.<br />

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