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vu de notre corpus : Jarry semble en outre s’être de facto « éloign[é] petit à petit du Mercure, où il<br />

avait tant rêvé écrire 1 ».<br />

Mais, en réalité, l’auteur du Surmâle cherchera paradoxalement par cet acte, non pas, à<br />

proprement parler, à se détourner de La Revue blanche, mais à réaffirmer sans cesse sa filiation avec<br />

Le Mercure de France.<br />

En premier lieu, il rend compte souvent d’ouvrages émanant d’amis. Or, c’est « [d]ans<br />

l’équipe si diverse du Mercure (on y croise aussi Jules Renard, Francis Jammes, Claudel, Gide,<br />

Valéry…) dont il est le cadet [que] Jarry rencontre presque tous ses proches et familiers ; nombre<br />

d’entre eux, peu connus aujourd’hui, ont régulièrement nourri les sommaires du Mercure, surtout<br />

dans son austère partie critique : Henry D. Davray, A.-Ferdinand Herold, Eugène Demolder, sans<br />

compter Vallette et Rachilde. 2 »<br />

Le travail de critique littéraire devient ainsi pour Jarry la possibilité de continuer de tisser une<br />

filiation avec Le Mercure de France, d’enraciner son individualité littéraire et son idiosyncrasie<br />

(puisque ses bibliographies sont d’abord et avant tout la marque et la résultante d’un goût) dans<br />

cette institution littéraire, qui est d’abord pour Jarry le groupe qu’il reconnaît comme le plus<br />

proche de son identité littéraire et au travers duquel il a construit celle-ci semble-t-il (il s’agit pour<br />

Jarry, pour reprendre la formulation d’Albert Samain, de défendre « une littérature qui s’avis[e]<br />

manifestement l’unique 3 » : cette formule dit tout de la volonté de Jarry de s’enfermer dans une<br />

identité littéraire précise, en liens insécables et féconds avec le symbolisme, celui-ci fût-il en crise 4 )<br />

mais également l’endroit où il se sent le mieux.<br />

2. 2. 2. Le Mercure de France : un foyer pour Jarry.<br />

D’où l’importance des mardis de Rachilde, rencontre hebdomadaire. C’est elle qui va<br />

permettre tout d’abord au Mercure de France d’apparaître comme le lieu de vie de Jarry. C’est par<br />

elle qu’il va l’habiter sinon l’occuper. Le phalanstère de Corbeil n’en sera, en un certain sens, que<br />

le prolongement. Que Jarry puisse se sentir si bien au Mercure de France tient également au fait que<br />

« Le Mercure de France est une entreprise de famille. 5 » C’est autour des époux Vallette, dont Jarry<br />

sera extrêmement proche jusqu’à la fin de sa vie, que se cristallise tout à la fois l’aventure<br />

éditoriale mais également les modalités de réception des mardis, qui donnent à la réunion d’un<br />

1 Dir. Collège de pataphysique, op. cit., p. 126.<br />

2 BESNIER, p. 84.<br />

3 OC III, p. 531.<br />

4 Voir Michel Décaudin, La Crise des valeurs symbolistes, Vingt ans de poésie française, 1895-1914,<br />

Toulouse, Privat, 1960.<br />

5 BOURRELIER, p. 246.<br />

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