30.06.2013 Views

thèse

thèse

thèse

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Si l’on peut bien parler ici de syn<strong>thèse</strong>, c’est parce que la citation est le fruit d’un regard qui<br />

se déploie suivant la logique propre à la synecdoque, soit en érigeant un seul détail en totalité,<br />

comme nous le verrons plus avant plus en détail.<br />

Jarry, retenant de l’ouvrage telle phrase le fait implicitement à titre d’exemple qui puisse être<br />

révélateur de la totalité du propos – aussi cite-t-il souvent des passages de l’introduction –, ou à<br />

titre de marque de sa singularité, et ainsi d’exemple révélateur de ce qui constitue sa valeur<br />

propre, en l’occurrence ce qui en fait l’originalité et la spécificité.<br />

2. 7. 3. Retenir d’un ouvrage ce qui est proche de soi.<br />

Et lorsque Jarry cite tel passage dont on peut supposer qu’il a su éveiller son intérêt, entrant<br />

en résonance avec les modalités de son goût propre, ce passage concerne également l’ouvrage<br />

dans sa spécificité, conformément à l’idéalisme que prône Gourmont et à l’impressionnisme<br />

critique qui en est, à bien des égards, le prolongement.<br />

En effet, l’ouvrage dont il est rendu compte ne peut exister qu’en entrant en communion<br />

avec l’intérêt d’un lecteur (c’est du moins vrai pour Jarry) qui puisse le reconnaître comme<br />

l’expression écrite d’une modalité du Même. Il n’a pas d’autre existence possible.<br />

De la même façon, à un niveau plus immédiatement visible, lorsque Jarry rend compte d’un<br />

ouvrage, c’est parce que celui-ci a su entrer en résonance avec ses propres intérêts, qu’il fasse<br />

affleurer dans son compte rendu cette caractéristique première ou non ; ainsi, si Jarry est un<br />

« grand lecteur, curieux, imprévisible 1 », « érudit, inlassable fouineur, amateur de raretés, et sans<br />

règle 2 », et si « [u]n rapide regard sur les comptes rendus » signés de sa main suffit ainsi « à<br />

montrer la diversité de sa curiosité, sinon de ses centres d’intérêt 3 », cette diversité fait bien l’unité<br />

d’un goût : celui de Jarry, véritablement protéiforme comme l’illustre la lettre qu’il envoie à<br />

Edward Sansot probablement au début de l’année 1906 : « j’ai reçu de Grèce l’ouvrage pilonné<br />

qui a fait son petit Quo vadis là-bas et n’a jamais été traduit [...] Aujourd’hui je me permets de vous<br />

importuner rapidement pour ceci : pourrais-je avoir le livre de Duhamel sur la littérature bretonne<br />

(je le cite dans mon roman chez Fasquelle) et les Contes des yeux fermés de Séché, dont je parlerai<br />

sûrement aussi ? 4 »<br />

1 Patrick Besnier, Alfred Jarry, Plon, 1990, p. 96.<br />

2 BESNIER, p. 361<br />

3 Henri Béhar, Les Cultures de Jarry, Presses universitaires de France, collection Écrivains, 1988, p.<br />

184.<br />

4 OC III, p. 596<br />

51

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!