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personnalité ; qu’il les coupe, et sitôt il sent, vit et pense comme tout le monde, il n’est qu’un<br />

bâton de plus dans la flottaison de son temps 1 », remarque Péladan dans L’initiation sentimentale.<br />

3. 3. 2. 3. Le costume pour s’extraire du corps social.<br />

Provocation ou masque aux vertus protectrices, le costume n’en reste pas moins un « coup<br />

de force », lequel n’est pas permis par « notre civilisation latine 2 », note Péladan dans À cœur perdu,<br />

d’où, selon lui, l’inlassable mépris dont il est l’objet (et dont il tire, suivant une certaine logique,<br />

fierté).<br />

Si le costume s’affirme comme véritable coup de force, c’est parce que c’est une façon<br />

imparable, pour Péladan, de s’extraire du corps social. De s’inventer un corps différent de celui de<br />

la multitude, ou plus exactement d’affirmer la singularité de son propre corps, ce qui permet, à<br />

mesure que l’affirmation est faite, de se distinguer des autres : le « corps d’éphèbe » d’un<br />

personnage de Péladan (mais on peut penser que cela vaut pour Péladan lui-même), dont les<br />

caractéristiques « repoussent l’idée d’effémination », quoique sa pose « évoque une grâce<br />

ambiguë 3 », jure « avec l’habillement actuel 4 ».<br />

Le costume n’emprisonne plus l’être dans des conventions du paraître, qui subissent<br />

l’évolution de la mode, mais au contraire suit la pose, en est le prolongement naturel, lui donne<br />

une résonance, s’adapte aux particularités physiques : l’on a « le ton et les mouvements de son<br />

costume 5 », affirme Péladan dans À cœur perdu.<br />

3. 3. 2. 4. Le costume : transfert de l’ipséité sur le paraître.<br />

Or, « [o]n a les formes de son âme, toujours […] 6 », est-il énoncé dans La Victoire du mari. Le<br />

costume serait-il choisi parce qu’il rend visible quelque chose de l’âme de celui qui le porte ?<br />

Représente-t-il un transfert de l’identité sur le visible ?<br />

« Nous portons un caractère extérieur d’intellectualité qui nous doit signaler suffisamment 1 »,<br />

énonce Péladan dans L’initiation sentimentale. Le costume ferait partie du « désordre » qui<br />

1 Péladan, La Décadence latine, éthopée [III], L’Initiation sentimentale, Édinger, 1887, p. 70.<br />

2 Péladan, La Décadence latine, éthopée [IV], À cœur perdu, G. Edinger, 1888, p. 374.<br />

3 Péladan, La Décadence latine, éthopée [IX], La Gynandre, E. Dentu, 1891, p. 10.<br />

4 Sar J. Péladan, La Décadence latine, éthopée [I], Le Vice Suprême, « XIII e édition conforme à la<br />

première, avec une préface inédite », Chamuel, 1896, p. 158.<br />

5 Péladan, La Décadence latine, éthopée [IV], À cœur perdu, op. cit., p. 178.<br />

6 Péladan, La Décadence latine, éthopée [VI], La Victoire du mari, « avec commémoration de Jules<br />

Barbey d’Aurevilly et son médaillon inédit, par la Ctesse Antoinette de Guerre », E. Dentu, 1889,<br />

p. 18.<br />

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