30.06.2013 Views

thèse

thèse

thèse

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

précise ; rien que les mettre en français, en élaguer les batifolages instructifs et vulgarisateurs<br />

(instruire en amusant : art social encore) et conserver les thèmes [...] 1 ».<br />

L’on sait combien Fagus aimait Verne, qu’il préférait, de très loin, à Wells. Si Jarry, qui aimait<br />

également suffisamment Verne pour en faire un auteur pair (le vingt-septième et ultime), ne<br />

mettra pas en œuvre ce conseil, il fera néanmoins possiblement allusion à cet article de Fagus<br />

qu’il connaissait sûrement (de par les liens qui l’unissaient à lui) dans sa chronique intitulée<br />

« Naufrageurs » parue dans Le Canard sauvage du 21-27 juin 1903, écrivant, à propos d’un fait-<br />

divers : « Jules Verne en écrirait un roman ».<br />

Ainsi, si Henri Hertz confie, et très probablement à juste titre : « Non moins qu’au latin et au<br />

style, [Jarry] excellait aux mathématiques. Jusqu’au dernier moment il balança s’il préparerait<br />

Polytechnique ou Normale-Lettres 2 », il n’en demeure pas moins vrai, comme le remarque Paul<br />

Edwards, qu’on peut uniquement, en définitive, « proposer que l’imagination de Jarry reste celle<br />

d’un littéraire qui se sert des textes scientifiques – vulgarisés par la Revue scientifique ou par les<br />

éditions de son ami Gauthier-Villars – comme matériaux, et non celle d’un chercheur qui a le<br />

souci de formuler son idée par une mathématique sévère et d’en extraire toutes les<br />

conséquences. 3 »<br />

Matériaux pour la construction d’un univers voisin de celui de Wells (jugé par Jarry comme<br />

« le maître aujourd’hui, et de par les créations les plus imprévues 4 » de la littérature scientifique)<br />

qui culminera avec l’écriture du « Commentaire » et sa publication dans Le Mercure de France sous<br />

le nom du docteur Faustroll : Fagus écrit ainsi dans « Le noyé récalcitrant » que Jarry « s’amuse à<br />

reconstruire la machine à voyager à travers le temps : devant quoi avait reculé ce sous-Verne :<br />

Wells. 5 » Par le terme « s’amuse », il faut entendre, présente chez Jarry et perçue par son ami<br />

Fagus, une volonté de se tenir en-deçà du domaine de la rationalité scientifique, afin de donner<br />

libre cours à tous les frémissements du rêve.<br />

Jarry comme Villiers est attiré « par les aspects pittoresques de l’invention scientifique 6 », et la<br />

façon dont il lit l’œuvre de Lord Kelvin en témoigne fortement. Ainsi, lorsqu’il écrit dans<br />

Faustroll : « Je n’avais même plus mon diapason. Songez à la perplexité d’un homme hors du<br />

temps et de l’espace, qui a perdu sa montre, et sa règle de mesure, et son diapason. Je crois,<br />

1 La Plume, n° 281-304 bis, janvier-décembre 1901, p. 522.<br />

2 L’Étoile-Absinthe, 51° et 52° tournées, Société des amis d’Alfred Jarry, 1992, p. 6.<br />

3 Paul Edwards, « H.G. Wells, Jarry et l’atome bouffon, Essai d’épistémocritique », L’Étoile-<br />

Absinthe, tournées 83-84, « Les Cahiers iconographiques de la Société des amis d’Alfred Jarry »,<br />

Penne-du-Tarn, Société des amis d’Alfred Jarry, automne 1999, p. 64.<br />

4 OC II, p. 520.<br />

5 Propos cité dans BESNIER, p. 688.<br />

6 Villiers de l’Isle-Adam, op. cit., p. 361.<br />

294

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!