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comme la simple mise en pratique de la professionnalisation de l’écriture (ce fait ne joue pas ainsi<br />

forcément a contrario de tous les topoï véhiculés sur le journalisme).<br />

L’assertion de Fagus procède donc des choix dont l’article est le fruit, sur lesquels il se<br />

construit : choix de parler et choix de taire tout à la fois (une seule affirmation impliquant le fait<br />

d’en éluder beaucoup d’autres : chaque remarque s’énonçant, en un certain sens, à la place de<br />

toutes les autres, construisant sa légitimité sur le refus qui motive l’auteur d’énoncer toutes les<br />

autres), – et sachant que l’on est loin ici d’un travail journalistique, qui pourrait être,<br />

prétendument ou en réalité, bâclé, étant bien plutôt témoins d’un effort perpétré par Fagus pour<br />

rendre hommage à un écrivain qu’il admire et qui a beaucoup compté pour lui.<br />

2. 2. La glorification comme reconnaissance des contours d’une identité littéraire.<br />

La position de Fagus tient au fait que le critique a surtout pour mission, selon Jarry, de<br />

« glorifier » les ouvrages dont il rend compte. Comme l’écrit à Claude Terrasse l’auteur de L’amour<br />

absolu dans sa lettre du 5 février 1902 : « A.-Ferdinand Herold n’a point encore vu ces deux<br />

œuvres mirifiques et quand il les aura vues il les glorifiera dans Le Mercure 1 ».<br />

Il semble parler d’Herold mais parle en réalité de lui-même, dans la façon qu’il a d’accoler<br />

systématiquement découverte de l’œuvre et compte rendu louangeur, à partir du moment où<br />

l’œuvre émane d’une personnalité dont il se sent suffisamment proche pour qu’au travers de son<br />

commentaire (fût-il restreint, l’essentiel de son compte rendu s’affirmant souvent comme un<br />

montage de citations déguisées), par le biais du déploiement de l’éloge du Même, puisse se lire et<br />

se proclamer l’affirmation des contours de son identité.<br />

Il faut entendre ici la réaffirmation des contours par quoi son identité peut se reconnaître<br />

comme appartenant à une communauté, comme trouvant son sens à hauteur de cette<br />

appartenance symbolique, par quoi son identité peut en somme se connaître, et, dans le même<br />

mouvement, être.<br />

Car il n’est, du reste, pas d’autre possibilité d’identité que celle érigeant l’intime dans le social –<br />

le social fût-il choisi et éminemment restreint – en légitimant l’intime dans sa spécificité,<br />

paradoxalement, à hauteur de ce point de rencontre ; l’intime ne devient pas le social mais au<br />

contraire peut apparaître tel qu’il est en miroir avec ce qui l’englobe et dont il se détache à mesure<br />

qu’il est englobé, c’est-à-dire le social.<br />

Pour Jarry, compte rendu après compte rendu (mais pas uniquement bien entendu : ce fut<br />

aussi le fait de l’écriture de Faustroll, ainsi que nous l’avons vu), il s’agit de réaffirmer à chaque fois<br />

1 OC III, p. 552.<br />

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