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décor de La Rabouilleuse d’Emile Fabre, pièce dont Jarry rend compte (nous soulignons) : « Un<br />

salon Louis XVI, avec boiseries aux tons clairs. À gauche, un mur sur lequel sont deux tableaux<br />

encrassés, dont on ne distingue pas les sujets. […] Entre la fenêtre et la porte de la salle à manger,<br />

un secrétaire Louis XV. À droite et à gauche de la porte du fond, d’autres meubles ; sur l’un, un<br />

pot de la Chine. 1 »<br />

2. 6. 3. Sens de la violence dirigée contre le bibelot.<br />

Or, Jarry exprime une violence remarquable contre les potiches au travers de la narration<br />

dans deux de ses œuvres : L’Amour en visites, mais aussi Le Surmâle, où Marcueil n’arrête son geste<br />

destructeur que parce que celui-ci révélerait son identité même : « Amusés d’abord, ils<br />

s’exaspérèrent. Marcueil se releva, saisit une légère potiche japonaise et ébaucha le geste de la<br />

lancer vers la meurtrière. Mais il se ravisa : il n’était pas chez lui, puisqu’il était l’Indien. 2 »<br />

Mais ceci est bien sûr surtout visible dans L’Amour en visites au sein du chapitre « Chez<br />

Manon » où cette violence semble d’abord le fruit de la maladresse due à l’alcool : « […] voici […]<br />

des potiches du Japon. […] Il dresse un bras et le décor s’écroule dans le fracas de porcelaine<br />

d’une grande potiche brisée d’un coup de poing. 3 »<br />

L’acte de destruction est total puisque ce n’est pas une seule potiche, fût-elle grande, qui est<br />

brisée, mais bien (nous soulignons) « les potiches du prince Korisky […] 4 ». Et Jarry va jusqu’à<br />

suggérer que toutes les potiches ont été brisées : « Manon, doucement : Vous savez qu’il n’y a plus<br />

de potiches ? 5 »<br />

Afin de rendre encore plus sensible cette destruction, et la violence inhérente à celle-ci, Jarry<br />

utilise la formulation : « […] l’éclat des tessons qui jonchent son tapis. 6 »<br />

Ce n’est néanmoins qu’une apparence de maladresse car cette violence apparaît bien in fine<br />

comme le seul fruit de la volonté, même si elle ne s’est d’abord exprimée qu’en suivant les aléas<br />

du hasard, au travers d’un geste malheureux : « Lucien : […] je ne tiens pas du tout à casser des<br />

potiches toute la nuit, moi ! 7 ».<br />

1 Emile Fabre, La Rabouilleuse (d’après Balzac), La petite illustration, revue hebdomadaire, n° 802,<br />

théâtre n° 403, 26 décembre 1936, p. 3.<br />

2 OC II, p. 254.<br />

3 OC I, p. 851.<br />

4 Id., p. 854.<br />

5 Id., p. 855.<br />

6 Ibid.<br />

7 Ibid.<br />

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