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La plupart du temps, le discours critique sur Péladan en ce qui concerne Jarry est motivé par<br />

la présence de cet auteur dans la liste des livres pairs de la bibliothèque de Faustroll (pour sa pièce<br />

Babylone), liste ayant fasciné, avec raison, nombre de commentateurs (même si peu ont<br />

véritablement écrit sur elle), comme s’il se fût agi du sésame ouvrant non seulement Faustroll,<br />

mais également toute l’œuvre antérieure de Jarry, de la même manière que son « Linteau » des<br />

Minutes, véritable esthétique condensée, présente une grille de lecture pertinente à bien des égards<br />

de l’œuvre complète.<br />

Autrement dit, si le rapprochement entre Péladan et Jarry est effectué par les<br />

commentateurs, c’est parce que Jarry lui-même s’y emploie, d’une certaine manière, dans Faustroll.<br />

Aussi, parler de Péladan, c’est avant tout interroger le choix de Jarry de parler de Péladan<br />

dans Faustroll (dans la liste, puis dans le palmarès des phrases retenues).<br />

En outre, il faut ajouter la remarque comme quoi, en soi, Péladan est un auteur assez peu<br />

étudié. Pourquoi ce désintérêt (somme toute relatif, lorsque l’on prend en considération l’accueil<br />

critique qui s’exprime aujourd’hui face à de nombreux auteurs de cette époque) pour Péladan ?<br />

Sans doute du fait du ridicule qui reste indubitablement rattaché à la figure de cet écrivain et<br />

de la trop grande efflorescence 1 – sans aucune retenue semble-t-il – de son œuvre, laquelle<br />

demeure il est vrai très inégale, ce qui fut le jugement presque universellement répandu à son<br />

époque.<br />

3. 3. 4. L’éloge comme acclamation du Même, au travers de la reconnaissance<br />

implicite de l’amitié.<br />

3. 3. 4. 1. Modalités uniques d’un éloge.<br />

À la limite, que Jarry et Péladan n’aient pas été amis (et n’aient peut-être pas même été des<br />

connaissances, si vagues soient-elles) doit nous pousser à interroger davantage encore les liens qui<br />

existent entre leurs œuvres (et Jarry va du reste jusqu’à écrire à Apollinaire le 27 octobre 1903 :<br />

« Je crois que quand deux littérateurs [ce terme pouvant être pris dans le sens de « littératures »]<br />

Péladan, Esoterismo et Magia nel Dramma simbolista, Biblioteca del Dipartimento di Lingue e di<br />

Letterature straniere, Vita E Pensiero, volume 13, Milan, 2000). Elle cite Christophe Beaufils,<br />

lequel relève un emprunt de Jarry à Péladan dans sa biographie du Sâr (Joséphin Péladan (1858-<br />

1918), Essai sur une maladie du lyrisme, Grenoble, Jérôme Millon, collection Golgotha, 1993). Enfin,<br />

Patrick Besnier (Alfred Jarry, Plon, 1990, p. 140-142) et Ben Fisher (The Pataphysician’s Library, an<br />

exploration of Alfred Jarry’s « livres pairs », Liverpool, Liverpool University Press, 2000, p. 90-95) font<br />

résonner le nom de Péladan dans le cadre des études jarryques, s’étant fixés comme jeu d’étudier<br />

la liste des livres pairs de la bibliothèque de Faustroll.<br />

1 On trouvera une liste des ouvrages de Péladan dans Les Péladan, op. cit., p. 219-223.<br />

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