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11. Toute cette phrase est calquée sur le modèle de la phrase suivante extraite du Quart livre : « Je<br />

vous diray toutes foys une histoire bien estrange, mais escripte et asceurée par plusieurs doctes et<br />

scavans Historiographes, à ce propous. 1 »<br />

En outre, comme l’écrit Gustave Kahn dans son compte rendu de Messaline : « On pense<br />

bien que le roman d’Alfred Jarry n’est pas un simple roman historique. Si l’auteur d’Ubu Roi a<br />

jadis, comme tout le monde, lu Walter Scott, et Dezoby et l’abbé Barthélemy, il les a exilés de sa<br />

mémoire, et c’est aux textes mêmes que va son érudition sûre et particulière […] 2 ».<br />

Pour Jarry, l’intérêt concernant Messaline est ontologiquement inséparable de ses sources<br />

antiques. Cette liaison insécable s’est faite dès avril ou mai 1899, puisque Jarry écrit à proximité<br />

d’un brouillon de plan d’un livre devant s’intituler Navigations dans le miroir : « Messaline / cf.<br />

Suétone / Tacite / Juvenal / Dion Cassius 3 ».<br />

Voir les travaux de Brunella Eruli pour éclairer la façon dont Jarry s’est approprié ces sources<br />

en restant au plus près de leur lettre 4 et notamment, en ce qui concerne ceux traduits en français :<br />

« Sur les sources classiques de Messaline : collages et montages », Etoile-Absinthe, n° 1-2, mai 1979,<br />

p. 71-87 et « Le Phénix du texte », Dir. Henri Bordillon, Alfred Jarry, Colloque du Centre culturel<br />

international de Cerisy-la-Salle, 27 août-6 septembre 1981, Belfond, 1985, p. 191-203.<br />

12. Jarry fait référence au chapitre IV de la seconde partie intitulé « L’imitation de Bacchus 5 » et<br />

plus spécifiquement au « nègre éthiopien » : « Ses mains étaient liées derrière sa tête et ses coudes<br />

lui figuraient de monstrueuses oreilles percées plutôt que des cornes bouquines. Et ainsi il n’avait<br />

le libre usage que d’un membre, acrêté, comme l’ergot d’un coq de combat, de l’acier d’un<br />

éperon. 6 »<br />

Par « genre ignoré », Jarry signifie également que la figure de son gladiateur ne correspond<br />

pas aux topoï véhiculés dans les romans antiquisants de l’époque.<br />

Il a pu ainsi la construire notamment en réaction à celle proposée (et qui ne fait que<br />

cristalliser une épiphanie littéraire coutumière dans les romans cédant alors à la mode de<br />

l’antique) par Jean Richepin dans Contes de la décadence romaine, roman que Rachilde lui a offert et<br />

dont il lui parle en une lettre 7 , le jugeant « agréable, ma foi 8 », après avoir accusé réception de cet<br />

1<br />

François Rabelais, Le Quart livre, Les Cinq Livres, édition critique de Jean Céard, Gérard Defaux<br />

et Michel Simonin, préface de Michel Simonin, La Pochothèque, Le livre de poche, 1994, p. 1033.<br />

2<br />

La Plume, n° 281-304 bis, année 1901, Genève, Slatkine reprints, 1969, p. 209.<br />

3<br />

OC II, 723.<br />

4<br />

Réunis sous le titre Jarry, i mostri dell’immagine, Pisa, Pacini, collection Saggi critici, 1982.<br />

5 OC II, p. 125-129.<br />

6 Id., p. 128.<br />

7 Voir OC I, p. 1069.<br />

8 Ibid.<br />

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