30.06.2013 Views

thèse

thèse

thèse

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

L’auteur de L’Amour absolu, dans le même mouvement, par cette simple évocation, sous-<br />

entend sa considération pour ce titre, sans nulle ironie, et d’autre part réhabilite le Sâr en tant<br />

qu’auteur, montrant qu’il n’y a pas dichotomie entre sa personnalité d’auteur et cette appellation,<br />

exposant ainsi que tout le décorum auquel ce titre est rattaché fait partie consubstantiellement de<br />

la figure auctoriale ; « Sâr » ne se présente pas de ce fait comme un artifice, cette désignation étant<br />

bien plus qu’un simple titre : c’est la part la plus profonde de l’ipséité de Péladan, puisqu’il s’agit<br />

de son idiosyncrasie d’auteur.<br />

critique.<br />

3. 3. 1. 3. Le titre de Sâr dessert la figure auctoriale : uniformisation du point de vue<br />

Remarquons ainsi que presque tous les critiques, quasi universalité du jugement critique que<br />

Jarry ne pouvait manquer de connaître avec force et contre laquelle il se dresse, font la distinction<br />

entre d’un côté la valeur littéraire de Péladan (1859-1918), qu’ils jugent incontestable, quoique<br />

inégale et mal servie par l’auteur (« Il a le tort de noyer dans du bavardage ses plus ingénieuses<br />

pensées 1 » remarque Charles Merki dans Le Mercure de France de décembre 1890 à l’occasion de<br />

son compte rendu de Cœur en peine ; Rachilde va jusqu’à écrire que « [l]e cerveau de M. Peladan<br />

[sic] doit avoir un trou par lequel a passé ce qu’il possédait de dons réels 2 ») et de l’autre son<br />

attitude de Sâr.<br />

Yves Rambosson parle de Péladan comme de quelqu’un « que jusqu’ici, en dehors de<br />

quelques manifestations de ridicule vanité, nous avions considéré comme un artiste » dans Le<br />

Mercure de France en 1902 3 , sous-entendant combien cet habit de Sâr va jusqu’à nuire amplement à<br />

sa crédibilité romanesque, étant qualifié de « cabotinage » comme l’écrit toujours Rambosson<br />

dans le numéro du Mercure de France cette fois de juin 1893 4 .<br />

Et cette attitude n’est pas seulement décrite comme étant ridicule par Rambosson : elle est<br />

décrite ainsi avec une constance et une uniformisation du jugement remarquables. Rachilde,<br />

s’interrogeant en 1900 : « Que penser alors d’un homme de talent qui ne voit, dans la vie littéraire,<br />

que l’occasion de puiser le ridicule à pleine main pour se le répandre sur la tête ? 5 », synthétise une<br />

idée alors communément partagée.<br />

1 Le Mercure de France, n° 1-12, tome I, janvier-décembre 1890, p. 442.<br />

2 Le Mercure de France, n° 130-132, tome XXXVI, octobre-décembre 1900, p. 794.<br />

3 Le Mercure de France, n° 151-153, tome XLIII, juillet-août 1902, p. 257.<br />

4 Cité dans Les Péladan, dossier conçu et dirigé par Jean-Pierre Laurant et Victor Nguyen, Suisse,<br />

L’âge d’homme, collection Les dossiers, 1990, p. 30.<br />

5 Le Mercure de France, n° 130-132, op. cit.<br />

1144

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!