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de l’évocation du couchant et du levant 1 , et quand bien même le passage suivant fait vaguement<br />

songer à l’évocation de Jarry : « « – Où est ce soleil ? » demanda le sauvage d’un air farouche. « Il<br />

est derrière la colline, il est froid et sombre ; mais quand il reparaîtra, il sera chaud et brillant. 2 » »<br />

Cette invention rejoint en tout point les deux autres évocations fallacieuses du même roman<br />

de Cooper dans la chronique de Jarry intitulée « Le Fouzi-Yama », soit des années plus tard,<br />

puisque cette spéculation paraît dans le n° 5-6 de juin-juillet 1905 de Poesia : le nom « de la<br />

Longue Carabine du héros de Fenimore Cooper » n’est nullement « Mort certaine » et « Œil-de-<br />

Faucon » n’exprime jamais « un […] rire silencieux. »<br />

Remarquons ainsi que toutes les fois où Jarry évoque ce roman dont il se sent très proche,<br />

c’est pour véritablement inventer un ou plusieurs souvenir(s) de lecture, montrant ainsi, de façon<br />

sous-jacente, que le sens d’un texte se construit dans la rêverie éminemment et obligatoirement<br />

personnelle qui résulte de l’appropriation de celui-ci laquelle s’inscrit, de fait, pleinement dans une<br />

ipséité, ce sens n’étant nullement figé (évoluant en outre au gré de l’idiosyncrasie), le texte ayant<br />

principalement selon Jarry pour objet d’être un tremplin pour l’imaginaire (ainsi que l’ensemble<br />

de ses spéculations naissant de la lecture d’un ouvrage, recueillies dans La Chandelle verte, le<br />

montrent), ce qui, du reste, est bien le propre des livres pour enfants, et la raison, sans doute,<br />

pour laquelle Jarry ne cessera jamais de se tourner vers eux, notamment à la fin de sa vie.<br />

— Système de Pierrel se basant sur l’observation naïve.<br />

En outre, l’invention de ce dialogue, appuyée par la récurrence « paraissant » et « a l’air », et<br />

confortée par le terme « raisonnable », a une visée implicite. Elle cherche à montrer que le<br />

« système Pierrel » se base entièrement sur l’observation naïve, dans le sens étymologique de<br />

« né » (natus), c’est-à-dire, en somme, sur l’observation « nati[ve], originel[le], naturel[le] 3 ».<br />

« Je vais donner », prévient ainsi Pierrel, « la seule définition qui devienne plausible, par le fait<br />

qu’elle résout le problème d’une façon indéniable. Point n’est besoin pour cela de mettre le ciel en<br />

équation et d’employer toutes ces formules géométriques qui donnent le change aux profanes, et<br />

ne servent qu’à déguiser la vérité ; l’observation seule suffit 4 » ; « [i]l ne faut pas envisager le ciel<br />

1 Voir James Fenimore Cooper, Le dernier des Mohicans, Librairie illustrée, 1873, p. 3, 4, 11, 12, 13,<br />

15, 16, 18, 19, 28, 31, 46, 48, 50, 51, 52, 61, 64, 70, 77, 90, 91, 96, 107, 111, 115, 117, 123, 130,<br />

135, 136, 139, 142, 145, 154, 155, 156, 158, 163, 164, 165, 166, 167, 168, 171, 172, 173, 176, 178,<br />

183, 184, 186, et 188.<br />

2 Id., p. 90.<br />

3 GDU, tome 11, p. 776.<br />

4 Vve Pierrel, op. cit., p. 6.<br />

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