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1. Synésius (« Patriarche Gnostique, Primat d’Albigeois, Évêque de Montségur, Grand Maître<br />

de l’Ordre de la Colombe du Paraclet ») est le pseudonyme de Léonce-Eugène Fabre des Essarts<br />

(1848-1917), poète, éducateur, chroniqueur, occultiste, évêque gnostique de Bordeaux sous le<br />

nom de Tau Synésius.<br />

2. Le titre complet est le suivant : L’arbre Gnostique, par Synésius (Fabre des Essarts). L’ouvrage<br />

paraît à la Librairie Chamuel dans la Petite Bibliothèque Gnostique en 1899.<br />

Ces deux ouvrages dont rend compte Jarry, étant donné l’éloge suivant lequel le compte<br />

rendu s’exprime, manifestent fortement la volonté de l’auteur du Surmâle d’être en rupture avec le<br />

positivisme et le matérialisme scientiste, et ainsi réaffirme-t-il sa filiation avec Péladan, qui voulut<br />

« d’un revers d’idéalité soufflet[er] toute l’évolution positiviste… 1 »<br />

Remarquons que si Comte est cité une seule fois nommément dans l’éthopée, c’est pour être<br />

aussitôt qualifié de « déraisonneur » qui « a voulu faire [de la Science] la Minerve de l’avenir 2 ». La<br />

science est perçue par l’auteur de La Décadence latine comme ce qui épaissit et non ce qui déchire le<br />

voile d’obscurité posé sur les réalités : « La science nous masque le surnaturel 3 », écrit Péladan<br />

dans Curieuse !, qui est le « seul Réel 4 », ajoute Jarry dans « Haldernablou » inséré dans Les Minutes<br />

de Sable Mémorial.<br />

Le surnaturel est relégué au rang de croyances par les découvertes, de plus en plus<br />

nombreuses, qui tendent à donner une cause logique – perceptible immédiatement,<br />

expérimentalement ou théoriquement – à chaque irréalité (à chaque réalité ayant résisté au viol de<br />

la raison humaine, lesquelles sont de moins en moins nombreuses : les mirages sont ainsi<br />

expliqués scientifiquement 5 ).<br />

Le « surnaturel » (auquel donne accès la religion, – et singulièrement la gnose, qui se veut<br />

« libre pensée 6 » –, sans en dévoyer le mystère originel, contrairement au scientisme) a contrario<br />

offre pour Péladan comme pour Jarry une alternative au regard humain prisonnier des<br />

catégorisations qui le structurent (autant qu’il leur donne inlassablement voix), permettant de<br />

contrer la répétition des « spectacles quotidiens » qui ont fini par « se grave[r] dans le souvenir »,<br />

« rendus ineffaçables par [la] contemplation machinale des heures 7 » (Le Vice Suprême), et ainsi de<br />

1<br />

Péladan, La Décadence latine, éthopée [V], Istar, G. Édinger, 1888, p. 54.<br />

2<br />

Péladan, La Décadence latine, éthopée [X], Le Panthée, E. Dentu, 1892, p. 236.<br />

3<br />

Péladan, La Décadence latine, éthopée [II], Curieuse !, A. Laurent, 1886, p. 125.<br />

4<br />

Bouquin, p. 49.<br />

5<br />

Voir par exemple de quelle façon le mystère des « Pluies de sang » est levé dans la Revue universelle<br />

(Librairie Larousse, 1901, p. 277-278).<br />

6<br />

GDU, tome 8, p. 1332.<br />

7 e<br />

Sar J. Péladan, La Décadence latine, éthopée [I], Le Vice Suprême, « XIII édition conforme à la<br />

première, avec une préface inédite », Chamuel, 1896, p. 26.<br />

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