30.06.2013 Views

thèse

thèse

thèse

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

la réponse que fit Jarry à l’enquête que lança La Plume après la mort de l’auteur de Germinal,<br />

enquête qui fut publiée dans le numéro du 15 octobre 1902 de cette revue), même si sur ce<br />

dernier point l’opinion de Jarry s’exprime avec une rare virulence.<br />

Les haines (mais aussi, bien évidemment, les admirations) sont chez Jarry révélatrices d’une<br />

identité littéraire volontairement enracinée dans le socle commun tissé des mêmes références<br />

reliant mysticisme, obscurité et désir de renouveau appartenant à la génération post-symboliste 1 ,<br />

socle qui fut le terreau nourricier de ses premiers écrits et dont il ne s’est jamais totalement<br />

détaché, même après avoir débarrassé son écriture des savoureuses complications syntaxiques et<br />

lexicales qui la définissaient (au moins en partie) à ses débuts, de par notamment les amitiés et<br />

admirations qu’il a continué de tisser et qui furent toujours rattachées au Mercure de France, lieu par<br />

excellence du symbolisme, même si au fil de son évolution cette revue est devenue de plus en<br />

plus encyclopédique (là s’est affirmée sa véritable visée, portée par Vallette) et, du reste, il faut<br />

insister sur le fait que Le Mercure de France ne s’est jamais « donné comme objectif premier de<br />

promouvoir l’avant-garde 2 » : si cette revue se « montra récepti[ve] aux idées symbolistes », ce fut<br />

principalement « sous l’influence de Gourmont », « vers 1895 », mais elle ne « prétendit jamais<br />

vouloir s’en faire le porte-parole officiel 3 » ; ainsi, si Jarry considère Le Mercure de France comme le<br />

lieu du symbolisme, c’est du fait de l’osmose particulière qu’éprouve l’auteur des Minutes avec la<br />

figure de Gourmont, surtout à ses débuts mais également tout au long de son œuvre ainsi qu’en<br />

témoigne notamment de façon exemplaire le choix du sous-titre de La Chandelle verte : « lumières<br />

sur les choses de ce temps », effectué à la fin de sa vie.<br />

Ce ne sont par conséquent pas véritablement des haines mais bien le signe manifeste, comme<br />

nous l’avons vu, d’un désir renouvelé d’appartenance à une identité littéraire, culturelle,<br />

structurant invisiblement une communauté dont les contours correspondent à ceux définis par Le<br />

Mercure de France à ses débuts (voir aussi la fin de la note 4) – et ainsi ces haines apparentes<br />

s’affirment-elles comme un instrument de légitimation de cette communauté, celle-ci ne pouvant<br />

apparaître en tant que communauté qu’au travers d’un certain nombre de points communs qui<br />

permettent de la reconnaître comme telle, en même temps que ces points communs, dans la<br />

façon qu’ils ont de possiblement se réaffirmer (au travers de la répétition de l’énonciation de<br />

certaines haines – comme c’est le cas dans ce présent compte rendu de Jarry – ou de certaines<br />

admirations), redoublent son invisible structure (et ainsi lui donnent un surcroît d’existence en<br />

confortant implicitement sa légitimité).<br />

1 Voir à ce sujet Julien Schuh, Alfred Jarry – Le Colin-Maillard cérébral, Étude sur les dispositifs de<br />

diffraction du sens, Thèse de doctorat, Paris IV, 2008.<br />

2 LEROY BERTRAND-SABIANI, p. 137.<br />

3 Ibid.<br />

526

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!