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scientifique ou sociale 1 »), il est en effet frappant de constater en premier lieu qu’à la question<br />

posée par la rédaction de La Plume : « Que pensez-vous d’Emile Zola comme écrivain et comme<br />

homme ? 2 », la plupart des réponses des auteurs sollicités prennent la forme d’éloges, parfois<br />

nuancés, et en second lieu que la réponse lapidaire de Jarry, qui n’est pas la plus courte, est, et de<br />

loin, la plus violente.<br />

Cette violence est triple : c’est celle d’un propos extrêmement lapidaire, de ce fait cinglant,<br />

asséné comme un coup sans préalable rhétorique ni contextualisation ; c’est celle d’un langage<br />

utilisé dans sa plus grande familiarité et rudesse ; c’est enfin celle non pas d’une opinion<br />

extrêmement tranchée, mais d’une opinion catégorique déguisée en vérité générale, laquelle<br />

n’appelle de ce fait nulle possibilité de remise en cause, de discussion, puisqu’elle ne s’inscrit ni<br />

dans un schéma de discussion ni suivant les tours d’une opinion personnelle laquelle serait tout à<br />

la fois diminuée par la subjectivité sur laquelle elle se construirait de fait et remise possiblement<br />

en cause par une opinion personnelle différente, égale du fait du principe d’équivalence des<br />

subjectivités, que chérit l’idéalisme – et cet aspect catégorique propre à la pensée de Jarry<br />

concernant Zola saute immédiatement aux yeux lorsque l’on prend connaissance de l’ensemble<br />

des contributions qui sont presque toujours nuancées, et cherchent toutes à fournir l’étendue<br />

d’un point de vue, usant ainsi pour ce faire parfois de la démonstration, ce que Jarry ne fait, de<br />

facto, nullement. Merrill lui-même à la fin de son texte liminaire concède : « Zola était avant tout<br />

un poète, c’est-à-dire un homme de tempérament, et c’est son tempérament seul qui nous<br />

importe. Or, ce tempérament fut celui d’un observateur et d’un lutteur. Emile Zola, en deux<br />

mots, aima la force et la vérité 3 ».<br />

Aussi la réaction de Jarry a-t-elle dans ce numéro de La Plume véritablement figure d’hapax,<br />

ce qui ne peut être apparent sauf à relire l’ensemble des contributions. Mais est-ce à dire que Jarry<br />

ne se sent pas proche des écrivains sollicités par La Plume, la communauté d’auteurs au sein de<br />

laquelle il s’inscrit et cherche à s’inscrire, dont les contours sont définis sensiblement par Le<br />

Mercure de France, étant absente de ces colonnes ?<br />

— Réaction de la communauté littéraire à laquelle appartient Jarry face à Zola ?<br />

Nullement. Deux auteurs dont Jarry a parlé de façon louangeuse dans les pages de La Revue<br />

blanche, bien que rien ne nous permette de dire qu’il ait pu se sentir proche d’eux et de leurs<br />

œuvres, Saint-Georges de Bouhélier et Paul Adam, dressent l’éloge de Zola.<br />

1 Id., p. 1203.<br />

2 Id., p. 1213.<br />

3 Id., p. 1203.<br />

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