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Deschanel père, à rendre efficace et bien porté. En tous lieux, Sarcey vend ses conférences : au<br />

café-concert comme à la Bodinière, dans les cercles comme à l’Odéon. Cet excellent connaisseur<br />

du théâtre est également un acteur-né. Connaissant par profession les ficelles du métier, il a<br />

recours aux registres rhétoriques les plus raffinés. Peu importent les options littéraires de Sarcey,<br />

c’est l’efficacité de son spectacle qui l’emporte. Après tout, n’est-il pas vraiment sur une scène ? 1 »<br />

Si l’on se remémore que le « développement des conférences sur la scène intellectuelle<br />

parisienne put être compris comme le signe d’une vulgarisation de la culture, nouvelle<br />

manifestation d’une décadence tant de fois dénoncée 2 », l’on comprend combien Jarry a pu<br />

cristalliser autour de la figure de Sarcey son mépris pour la vulgarisation, qu’il développe dans son<br />

œuvre mais également qu’il met en pratique, notamment, par le choix de rendre compte<br />

d’ouvrages érudits, et ce d’une façon parfois cryptique ainsi que par l’effectivité de son goût,<br />

jusqu’au sein de ses comptes rendus, pour la terminologie et la logique très ouvertement<br />

scientifiques, au mépris parfois du sens et avec souvent, perceptible, une visée humoristique.<br />

— Une haine en résonance profonde avec le livre chroniqué.<br />

Mais cette inimité n’est pas uniquement l’occasion pour Jarry, contrairement à ce que l’on<br />

pourrait penser de prime abord, de donner cours à une haine qu’il a déjà exprimée et qui reste<br />

somme toute consensuelle dans le milieu symboliste auquel il reste viscéralement attaché.<br />

Elle entre en résonnance profonde avec le livre. En somme, Jarry, en critiquant Sarcey, ne<br />

laisse pas (pas uniquement du moins) s’exprimer une verve qui lui est propre, mais défend<br />

l’auteure de l’ouvrage dont il rend compte, en renversant implicitement un propos la concernant<br />

qui s’y donne à lire, celui de… Sarcey : « Le jour où je jouai Fadette pour la première fois, Ricourt<br />

me dit : – Tiens-toi bien, Berlou blond, le journaliste est dans la salle. – Effectivement, il était là<br />

[…]. Deux jours après on me fit lire dans un journal ce petit bout d’article : « J’ai vu, l’autre soir,<br />

au théâtre des Jeunes Artistes une petite fille dont on ne tardera pas à savoir le nom. Elle est<br />

intelligente, sa voix est mauvaise, et son physique ingrat. » Francisque Sarcey. » […] Quant à ce<br />

journaliste devenu par la force du temps […], prince de la critique et oncle de Montmartre, sa<br />

bienveillance m’a suivie depuis les jeunes ans, souvent émaillée de lourds pavés !... 3 »<br />

1 Ibid.<br />

2 Id., p. 206. Voir Ibid pour les raisons de ce fait.<br />

3 Louise France, op. cit., p. 20-21.<br />

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