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Si cette pose de Péladan est fort dommageable pour les critiques littéraires, c’est bien, selon<br />

leurs dires, dans le sens où elle discrédite son œuvre aux yeux des journalistes et du public (dont<br />

les choix sont souvent dictés par les premiers), mais aussi, et d’abord, à leurs propres yeux de<br />

critiques et de lettrés, qui ont désormais beaucoup de mal à se poser avec sérieux sur un ouvrage<br />

du Sâr. Péladan le reconnaîtra lui-même, fût-ce discrètement, non pas dans une « echtèse »<br />

ouvrant l’un de ses romans mais dans le flux même de l’écriture romanesque : « une fantaisie de<br />

costume ne se pardonne pas, en démocratie : elle entraîne une déconsidération immédiate 1 ».<br />

Il faut se tourner vers Louis Dumur pour voir pleinement résumé, après Rachilde, ce qui fut<br />

un topos de la critique sur Péladan. Dumur écrit dans Le Mercure de France de mai 1893 (il rend alors<br />

compte de Babylone) : « […] chaque fois que je prends connaissance d’une œuvre de M. Péladan,<br />

j’éprouve le même sentiment de surprise de ce qu’un homme doué d’un talent si sérieux et d’une<br />

pensée si haute s’amuse, par mille fantaisies d’un goût plus que douteux, à se donner en pâture<br />

quotidienne aux journaux et à faire les tréteaux devant la sottise des foules (les caricaturistes ont<br />

croqué avec toujours beaucoup de gourmandise Péladan, dont l’attitude était d’autant plus<br />

ridicule pour eux qu’elle s’affichait avec tout le sérieux dont elle était capable, se sustentant du<br />

mépris qu’elle éveillait comme si c’était là la preuve de sa valeur). Il lui serait si facile de conquérir<br />

une plus digne renommée 2 ». Camille Mauclair écrit ainsi que « la méchante raillerie »<br />

a « opprimé » et bafoué « la personnalité de Péladan […] avec un acharnement singulier 3 ».<br />

L’on se reportera aux souvenirs de Vollard 4 pour avoir un bon aperçu tout à la fois du<br />

décorum qui était rattaché au titre de Sâr, faisant ressembler Péladan à un personnage de carnaval<br />

selon Rachilde 5 , et de la perception amusée qu’avait le public de ce personnage (car Péladan était<br />

bien une figure populaire, comme en témoignent les caricatures, évoquées par Dumur).<br />

3. 3. 2. Toute-puissance du costume.<br />

3. 3. 2. 1. Apologie du costume du Sâr, comparable au masque du Père Ubu.<br />

1<br />

Péladan, La Décadence latine, éthopée [XIV], La Vertu suprême, E. Flammarion, 1900, p. 178.<br />

2<br />

Cité dans Les Péladan, op. cit.<br />

3<br />

Camille Mauclair, « Le souvenir de Péladan », Les Nouvelles Littéraires, 7 mars 1925.<br />

4<br />

Ambroise Vollard, Souvenirs d’un marchand de tableaux, édition revue et augmentée, Albin Michel, 1948,<br />

p. 286-287.<br />

5<br />

« À l’heure actuelle il garde son masque en dehors du carnaval et il commence à avoir tort »,<br />

écrit-elle. « [S]a couronne, sa chevelure, sa barbe de sar, tout ça blanchit comme le chocolat<br />

Ménier, mais c’est beaucoup plus dur à avaler » (Le Mercure de France, n° 130-132, op. cit.).<br />

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